La nouvelle présidente de l’Alliance contre le tabac, Michèle Delaunay, cancérologue, n’entend pas se contenter du paquet neutre de la loi Santé dans son combat contre le tabac. Ni des mesures du programme national de réduction du tabagisme (PNRT). « Nous restons trop silencieux devant la plus addictive et la plus dangereuse des drogues » a-t-elle déploré ce 15 décembre. La France compte 13 millions de fumeurs (plus de 30 %, voire 32 % chez les jeunes de 17 ans). Près de 683 000 personnes vivent avec une pathologie liée au tabac, et 79 0000 personnes en meurent chaque année (dont 44 000 par cancer), soit 220 par jour.
« On ne meurt pas d’un cancer, on meurt du tabac : par timidité, pour ne pas en rajouter, les médecins ne le disent pas assez », dit-elle. « Leur message n’est pas assez radical. Pour les femmes enceintes, la réduction des risques ne vaut pas », insiste-t-elle. Les professionnels de santé devraient être des acteurs majeurs de la prise de conscience du danger du tabac, plaide celle qui a exercé entre 1981 et 2012 au CHU de Bordeaux.
L’Ordre et la santé publique
Michèle Delaunay entend s’adresser directement à l’Ordre des médecins, notamment à l’occasion de la grande consultation, pour qu’il prenne à bras le corps la santé publique. « Si le Conseil national de l’Ordre des médecins déclarait : "Nous diminuerons de moitié le tabagisme en 10 ans", ou "Nous gagnerons la lutte contre le tabac", les patients seraient illuminés », assure-t-elle.
Elle espère également convaincre le CNOM de « venir » au sein de l’Alliance contre le tabac qui fédère déjà 30 associations, dont la ligue contre le Cancer, la fédération française de cardiologie, et la fondation du souffle. Les fédérations hospitalières, les syndicats, et les académies de médecine et des sciences devraient aussi être courtisés pour améliorer la force de frappe de l’Alliance au niveau national, européen et international.
Le paquet à 10 euros
Même si à l’approche des élections présidentielles, Michèle Delaunay sait que l’adoption d’une augmentation significative du prix du paquet est peu probable, elle ne baisse pas les bras. « Les politiques ne bougeront que sous la pression de l’opinion publique ». La présidente compte s’appuyer sur les familles de victimes, qui pourront désormais mener une action de groupe. « Les associations de victimes ne sont pas assez fortes. Pourtant 79 000 familles endeuillées pourraient être une force politique considérable », estime-t-elle, face aux 26 000 buralistes, au lobby des cigarettiers, ou aux 14 milliards de recettes que rapporte le tabac à l’État. « Les dépenses sanitaires s’élèvent à 26 milliards d’euros annuels, soit trois fois le déficit de la sécurité sociale », rappelle-t-elle.
Michèle Delaunay a enfin fait part de son intention d’écrire au Pape, à Mark Zuckerberg, et enfin à Claudia Schiffer, pour les rallier à sa bataille.
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