Cumuler cigarette et vapotage ne serait pas une stratégie efficace pour le sevrage tabagique. Ces « doubles consommateurs » auraient moins de chances de parvenir à arrêter de fumer que les fumeurs ou vapoteurs exclusifs, selon une revue systématique et une méta-analyse compilant 16 études. La plupart des doubles utilisateurs ont même tendance, au fil du temps, à revenir à une consommation de cigarettes uniquement.
Vapoter tout en fumant « pourrait s’avérer être un obstacle majeur à l’abstinence tabagique », résume Josef Hamoud du centre médical universitaire de Göttingen (Allemagne), qui a dirigé cette étude publiée dans ERJ Open Research. L’analyse des données existantes sur les doubles utilisateurs montre que « pour la plupart des personnes, ce n'est pas un tremplin vers l'arrêt du tabac », appuie le Dr Filippos Filippidis, président du Comité de lutte contre le tabagisme de la Société européenne de pneumologie et professeur en santé publique à l'Imperial College de Londres, qui n'a pas participé à l'étude.
Les données analysées portaient sur plus de 9 000 personnes, dont 2 432 doubles utilisateurs. Après 4 à 8 mois, le sevrage nicotinique avait été atteint par seulement 3 % des doubles consommateurs, contre 8 % des vapoteurs exclusifs et 6 % des fumeurs. Après 8 à 16 mois, l’abstinence s’élève à 5 % chez les doubles utilisateurs, 7 % chez les fumeurs et 19 % parmi les vapoteurs. Et, après 16 à 24 mois, le taux de sevrage était de 13 % pour les doubles utilisateurs, 17 % parmi les fumeurs et 26 % chez les vapoteurs.
Une reprise progressive de la consommation exclusive de cigarettes
La plupart des doubles utilisateurs sont par ailleurs revenus progressivement à une consommation exclusive de cigarettes. C’était le cas de 30 % d’entre eux après 4 à 8 mois, de 47 % après 8 à 16 mois, de 58 % entre 16 et 24 mois, et de 55 % après 24 à 48 mois. Les auteurs n’ont en revanche pas été en mesure de catégoriser différents types de double utilisation, comme une consommation de cigarettes associée à du vapotage occasionnel.
« Les cigarettes électroniques peuvent jouer un rôle dans le sevrage tabagique de certaines personnes, mais nous devons nous assurer qu'un soutien approprié est disponible gratuitement pour aider les personnes à arrêter de fumer, car il est clair que beaucoup finissent par être des doubles utilisateurs, ce qui peut en fait compromettre les tentatives de sevrage tabagique », analyse le Dr Filippos Filippidis.
« Bien qu’il ait été avancé que les gros fumeurs pourraient bénéficier de la double utilisation en réduisant leur consommation quotidienne de cigarettes, la teneur élevée en nicotine des vapes augmente le risque de dépendance continue à la nicotine », ajoute Josef Hamoud, qui rappelle également que les données manquent sur les effets à long terme d’une double exposition à la cigarette et au vapotage.
Pour l’heure, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les associations antitabac se refusent, au nom du principe de précaution et dans l'attente d'études faisant consensus, à affirmer que le vapotage est moins risqué que la cigarette. Mais une revue Cochrane tend à montrer que les cigarettes électroniques sont plus efficaces que les patchs ou les gommes à la nicotine.
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