En 2018, 2 920 nouveaux cancers du col de l'utérus ont été diagnostiqués en France, dont 40 % chez des femmes de moins de 50 ans, et 1 117 patientes en sont décédées, selon les derniers chiffres publiés dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire. Si ces chiffres s'inscrivent dans la continuité de la diminution de l’incidence et de la mortalité observée depuis plusieurs décennies, les auteurs constatent un « ralentissement de la baisse de l’incidence » qui serait « probablement dû à une augmentation de l’exposition aux papillomavirus humains », alors même que la couverture vaccinale contre le HPV reste trop basse pour empêcher la circulation du virus.
Les auteurs voient dans ce ralentissement la conséquence d'une modification des comportements sexuels. Ils préviennent que « l’impact de l’augmentation de la transmission du HPV-HR sur l’incidence et la mortalité du CCU a été contrebalancé par l’effet du dépistage mais cet effet s’essouffle et il existe un risque d’inversion des tendances ». Ils ajoutent que « les enquêtes répétées entre 1970 et 2006 montrent [...] une diminution de l'âge aux premiers rapports sexuels, une augmentation du nombre de partenaires sexuels au cours de la vie et des modifications des pratiques, avec pour conséquence une augmentation de l'exposition aux HPV ».
En 2018, le taux d'incidence standardisé du cancer du col de l'utérus, était de 6,1/100 000 personnes année en France, et le taux de mortalité de 1,/100 000 personnes années. Le taux d'incidence du cancer du col de l'utérus a baissé de 1,8 % par an en moyenne depuis 1990, et la mortalité a suivi une évolution similaire. Cette baisse, très marquée pour les femmes âgées (plus de 70 ans) et pour les plus jeunes (moins de 35 ans), s'est arrêtée entre 2000 et 2005 pour les femmes aux âges intermédiaires (45-65 ans), avant de réaugmenter progressivement.
Disparité territoriale
Ces données proviennent de 15 registres, répartis dans 19 départements, membres du réseau des registres des cancers français Francim. En France métropolitaine, on estime qu'environ 20 % de la population est couverte par ces registres. Les épidémiologistes de Santé Publique France ont également utilisé les données du Programme de médicalisation des systèmes de d'information (PMSI), de la base de données CépiDc et de registres spécifiques aux territoires français ultramarins.
Les disparités territoriales sont fortes : certains départements comme la Loire-Atlantique ont des taux d'incidences inférieurs de 30 % à la moyenne nationale, alors que les départements de la Guyane et en Guadeloupe ont, au contraire, des incidences plus de 30 % plus élevés que le reste de la France. Il existe par ailleurs une sur-incidence de plus de 10 % sur le pourtour méditerranéen, et une sous-incidence en Auvergne Rhône-Alpes et dans les Pays de la Loire.
Rebond timide de la couverture vaccinale
Face à un tel risque de ré-augmentassion de l'incidence du cancer du col de l'utérus, les auteurs de Santé Publique France déplorent une couverture vaccinale contre le HPV « très insuffisante ».
Selon un autre article publié dans le même BEH, cette dernière a connu un léger rebond après un plus bas historique en 2015. Selon la base des données de consommation inter-régimes (DCIR), issue du Système national des données de santé, la couverture vaccinale a atteint 29,4 % en 2018 pour une dose à 15 ans et 23,7 % pour le schéma complet à 16 ans, contre 13,2 % en 2015.
Les auteurs avancent plusieurs explications à cette hausse de la couverture vaccinale : l'abaissement de l'âge de la vaccination en dessous de 14 ans en 2013, l’extension des obligations vaccinales et le renforcement de la communication sur la vaccination.
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