Kératoses actiniques

AMM pour le gel de mébutate d’ingénol

Publié le 04/12/2012
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LA COURTE durée du traitement (deux à trois jours) est un atout qui devrait améliorer l’observance.

Les KA sont des lésions érythémateuses ou jaunâtres apparaissant avec l’âge sur les zones photoexposées de façon chronique (visage, scalp des chauves, extrémités, tronc) des sujets à peau claire, signant la première manifestation de l’épuisement des défenses immunitaires et antiradicalaires cutanées avec mutations géniques successives. L’incidence très augmentée chez les greffés (risque multiplié par 250) illustre bien le rôle important des défaillances immunitaires. L’éducation des patients, la photoprotection UVA par écrans et un suivi régulier sont impératifs, d’autant que les KA font le lit dans environ 10 % des cas du grave cancer spinocellulaire (au moindre doute : biopsie).

Le traitement de première intention est habituellement l’azote liquide ; peuvent aussi être pratiqués curetage, électro-dessication, excision, laser.

La partie émergée de l’iceberg.

Les récidives sont fréquentes. Sur une zone cutanée où apparaît une KA, celle-ci est la « partie émergée de l’iceberg », d’autres apparaîtront ; ce concept de « champ de cancérisation » appelle d’autres options thérapeutiques : 5 FU topique (chimiothérapie locale), imiquimod (immunomodulateur), thérapie photodynamique. Le mébutate d’ingénol (gel Picato) induit la nécrose des kératinocytes et une inflammation avec activité de cellules immunocompétentes.

Le gel Picato, appliqué une fois par jour, traite un « champ de cancérisation » (4 à 8 KA sur 25 cm2 de peau : protocole des études) avec le gel à 0,015 % sur le visage et cuir chevelu, celui à 0,05 % sur le tronc et les extrémités, 3 jours consécutifs dans le premier cas, 2 jours dans le second.

L’analyse de 4 essais de phase III (N Engl J Med, 15 Mars 2012) montre à J57 pour le visage et cuir chevelu une disparition complète (47 %) ou partielle (63,9 % ; réduction de 83 % du nombre de lésions) et respectivement 34 et 49 % pour le tronc et les extrémités.

La facilité et la courte durée du traitement améliorent l’observance (jusqu’à 98 %). Les réactions inflammatoires, obligatoires, doivent être expliquées au patient. Le suivi reste indispensable.

Barcelone, 8° Congrès EADO. Symposium organisé par le Laboratoire Léo et présentations des Prs N. Basset-Seguin (hôpital Saint-Louis, Paris) et B. Dreno (Nantes).

 Dr JANINE DEFRANCE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9200