« Comment se mobiliser et accélérer le changement ? » Tel est le thème du Congrès mondial sur le cancer qui se poursuit jusqu'à jeudi au Palais des Congrès de Paris.
Lors de l'ouverture, le président de la République François Hollande s'est réjoui de ce que les « durées de survie et les taux de guérison des patients » atteints de cancers en France sont « parmi les plus élevés du monde : 60 % des cancers sont guéris ; Il y a 10 ans, c'était 50 % ». En revanche, a-t-il poursuivi, « nous devons regarder ce qui se passe en Afrique : 600 000 cas de cancer sont déclarés chaque année, et parmi les personnes touchées 500 000 en meurent ». Le chef de l'État a alors plaidé pour l'accès aux anticancéreux. « L'accès aux médicaments les plus innovants est un enjeu planétaire, un élément de justice mais aussi une revendication de droits de l'Homme, une affirmation de dignité », a-t-il déclaré.
C'est pourquoi, a-t-il expliqué, « la France a voulu que cette question du coût des traitements et de la médecine personnalisée puisse être examinée lors de la réunion des ministres de la Santé de l'OCDE » en janvier 2017. Le chef de l'État avait déjà plaidé en faveur d'une maîtrise du coût des médicaments en mai dernier, lors du G7.
Des femmes particulièrement vulnérables
Des données présentées lors du congrès organisé par l’Union internationale contre le cancer (UICC) dont la Ligue contre le cancer est l’association hôte avec l’Alliance des Ligues francophones africaines et méditerranéennes contre le cancer (ALIAM), mettent en évidence la charge mondiale du cancer, surtout en Afrique, et particulièrement chez les femmes.
Sally Cowal, de la Société américaine du cancer (ACS), a rappelé que le cancer était responsable de la mort de 3,5 millions de femmes en 2012, majoritairement dans les pays en développement et qu'il pourrait tuer 5,5 millions de femmes par an dans le monde en 2030 – hausse de près de 60 % par rapport à 2012.
Les cancers constituent la deuxième cause de décès chez les femmes dans le monde. Le sein est la localisation la plus fréquente et la cause principale de décès par cancer chez les femmes dans le monde devant le poumon.
Des inégalités géographiques
Même constat dans une série du « Lancet » présentée aussi au congrès de Paris. Si 800 000 femmes meurent chaque année d'un cancer du sein ou du col de l'utérus sur la planète, leur chance de survie est très étroitement corrélée à l'endroit où elles vivent. Dans deux tiers des cas pour les cancers du sein, et 9 fois sur 10 pour les cancers du col de l'utérus, les décès surviennent dans des pays à faibles ou moyens revenus.
Toutefois, les auteurs soulignent que des interventions peu coûteuses pourraient permettre de réduire la mortalité par cancer dans ces pays. Si la mammographie ou la radiothérapie ont encore un coût inabordable, d'autres moyens très efficaces et peu coûteux pour prévenir ces maladies pourraient être intégrés dans les systèmes de santé. En particulier, la vaccination contre le HPV des jeunes filles de 12 ans permettrait d'éviter 420 000 décès et la plupart des cancers du col de l'utérus (690 000 cas évités). De la même façon, des campagnes d'examens cliniques des seins ou de sensibilisation au cancer du sein seraient d'un bon rapport coût-efficacité pour la détection de la maladie dès ses premiers stades et sa prise en charge précoce.
Le coût de l'inaction
« Des évaluations récentes suggèrent qu'un système incluant les fondamentaux de la lutte contre le cancer pourrait être introduit dans les pays à faibles et à moyens revenus pour seulement 1,72 dollar (1,55 euro) par personne, ce qui équivaut à peine 3 % des dépenses de santé dans ces pays », fait remarquer le Pr Ophira Ginsburg. A contrario, le coût de l'inaction pourrait se traduire par un quasi-doublement du nombre de cas de cancer du sein diagnostiqués entre 2015 et 2030 (1,7 million en 2015 contre 3,2 millions en 2030), et une augmentation d'au moins 25 % du nombre de cas de cancer du col de l'utérus qui passerait à 700 000 d'ici 2 030.
Selon les auteurs, les efforts d'investissements internationaux doivent se concentrer sur les pays à faibles et moyens revenus, qui ne reçoivent aujourd'hui que 5 % des fonds globaux alloués à la lutte contre le cancer. Il serait également plus pertinent, indiquent-ils, d'investir dans les systèmes de santé plutôt que de se focaliser sur des programmes spécifiques dédiés à ces maladies, et d'adapter les aides internationales aux besoins en santé de ces pays.
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