Des résultats essentiels ont été présentés dans les essais MonarchE pour les cancers luminaux RH+, ASCENT pour les triple négatifs, l’étude HER2-CLIMB et le programme DESTINY dans les tumeurs HER2+. Ces progrès sont le fruit d’une meilleure caractérisation biologique des tumeurs du sein, soulignant leur grande hétérogénéité, et l’identification de cibles moléculaires (1,2).
Un CDK4/6i en adjuvant dans les cancers luminaux
Le traitement des cancers luminaux repose majoritairement sur l’hormonothérapie. Au stade métastatique, l’introduction des inhibiteurs de kinase dépendante de cyclines (CDK4/6i) - comme le palbociclib, le ribociclib et l’abemaciclib - a représenté une avancée majeure dans la stratégie thérapeutique (3,4). Le premier essai évaluant un CDK4/6i, l’abemaciclib, en adjuvant en association à une hormonothérapie a été rapporté au congrès de l’ESMO. Dans cette étude MonarchE, l’ajout de l’inhibiteur est associé à une réduction du risque de récidive invasive et à distance d’environ 25 %. Il s’agit non seulement de la première étude positive des CDK4/6i en adjuvant, mais aussi du premier essai positif en adjuvant depuis l’arrivée des inhibiteurs de l’aromatase (3).
Le sacituzumab govitecan dans les triples négatifs
Les cancers du sein triple négatifs présentent un mauvais pronostic, lié à des critères d’agressivité biologique et à un déficit d’options thérapeutiques en dehors de la chimiothérapie. Malgré une sensibilité initiale, les résistances se développent rapidement. En phase métastatique, le pronostic est très réservé, avec une survie médiane inférieure à 2 ans.
S’appliquant pour la première fois à cette sous-population de cancer du sein, une des récentes avancées majeures, à la fois biologique et technologique, est l’avènement des anticorps drogue-conjugués. En effet, la molécule de chimiothérapie liée à l’anticorps permet un ciblage optimal des cellules tumorales avec un meilleur profil de tolérance. Administré par voie intraveineuse, le sacituzumab govitecan est donc un anticorps conjugué qui cible un antigène membranaire épithélial Trop-2 (exprimé par différents cancers dont les tumeurs mammaires triple-négatives), lié à une chimiothérapie, le SN38, métabolite actif de l’irinotécan. Chez des patients ayant déjà reçu au moins deux lignes de chimiothérapie en situation métastatique, la survie est doublée passant de 6,1 à 12,1 mois par rapport aux chimiothérapies standards (éribuline, capécitabine, gemcitabine ou vinorelbine). Nous espérons que le sacituzumab govitecan fasse rapidement partie de notre arsenal thérapeutique pour ces cancers du sein triple négatifs métastatiques. De nombreux essais cliniques positionnent actuellement cette molécule plus tôt dans la prise en charge de nos patientes.
Et dans les tumeurs HER2+ ?
Deux nouvelles molécules ont fait l’actualité des cancers du sein HER2+ cette année. Si le pronostic de ces cancers a été révolutionné par l’introduction des thérapeutiques ciblées HER2, une des problématiques majeures reste, dans ce sous-groupe, la fréquence élevée d’atteinte métastatique cérébrale, engageant le pronostic à court ou moyen terme.
Nouvel inhibiteur de tyrosine kinase anti-HER2, le tucatinib est administré par voie orale, en association avec le trastuzumab et une chimiothérapie. Il montre pour la première fois une amélioration majeure de la survie chez les patientes avec atteinte cérébrale, réduisant presque de moitié le risque de décès à 12 mois (4,5).
Autre anticorps drogue-conjugué, le trastuzumab déruxtécan est également très prometteur dans la prise en charge des patientes HER2+. Chez une population très lourdement prétraitée, les données d’un essai de phase II montrent en effet un taux de réponse objectif de plus de 60 % et une durée médiane sans progression de 16 mois (6).
Centre Eugène Marquis (Rennes)
(1) Harbeck N, Gnant M. Breast cancer. The Lancet 2017;389:1134–50. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(16)31891-8.
(2) Bertucci F et al. Genomic characterization of metastatic breast cancers. Nature 2019;569:560–4.
(3) Johnston SRD et al. Abemaciclib Combined With Endocrine Therapy for the Adjuvant Treatment of HR+, HER2-, Node-Positive, High-Risk, Early Breast Cancer (monarchE). J Clin Oncol Off J Am Soc Clin Oncol 2020:JCO2002514.
(4) Murthy RK et al. Tucatinib, Trastuzumab, and Capecitabine for HER2-Positive Metastatic Breast Cancer. N Engl J Med 2019.
(5) Lin NU et al. Intracranial Efficacy and Survival With Tucatinib Plus Trastuzumab and Capecitabine for Previously Treated HER2-Positive Breast Cancer With Brain Metastases in the HER2CLIMB Trial. J Clin Oncol 38, no. 23 (August 10, 2020) 2610-2619.
(6) Modi S et al. Trastuzumab Deruxtecan in Previously Treated HER2-Positive Breast Cancer. N Engl J Med 2019.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024