Montré chez l’animal

Des vitamines B in utero en prévention le cancer colique

Publié le 16/06/2011
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DES SOURIS dont la mère avait reçu une supplémentation en vitamines du groupe B au cours de la gestation ont déclaré moins de cancers coliques, que des témoins. L’équipe de Jimmy Croft à l’université de Tufts (Boston) se demande donc si ce groupe de vitamines, et tout particulièrement l’acide folique, pourrait avoir un rôle préventif sur ces tumeurs chez l’humain.

Les chercheurs ont utilisé, pour leurs travaux, un modèle de souris prédisposées au cancer colique. Les rongeurs ont été répartis en trois groupes. Elles recevaient soit une forte supplémentation en vitamines B6, B12 et folate, soit un régime équilibré, soit carencé. Le protocole était mis en place avant la conception, puis poursuivi chez les rejetons. L’incidence des cancers coliques était abaissée dans la descendance des souris supplémentées et identique dans les groupes nés de mères carencées ou au régime équilibré en vitamines. Chez les souris issues de mère fortement déficientes en vitamines, 54 % des tumeurs étaient à un stade avancé ou avaient envahi les tissus environnants. Ces stades tumoraux n’étaient relevés que dans 18 % des cancers des descendants de souris au régime équilibré.

Des gènes suppresseurs de tumeurs.

Les auteurs expliquent leurs résultats par une activité des vitamines sur la voie de signalisation Wnt, un réseau de gènes habituellement altérés dans ce cancer. L’expression des gènes suppresseurs de tumeurs était directement fonction de la quantité de vitamines B ingérées. Ces variations seraient, en fait, la conséquences de modifications épigénétiques de l’ADN sensibles à l’environnement, dont l’alimentation fait partie. Ces modifications épigénétiques persisteraient dans la descendance expliquant les diverses incidences de cancer colique, selon les groupes de rongeurs.

Rien, pour l’instant ne suggère qu’une supplémentation par ces vitamines B aurait le même effet chez l’humain, concluent les auteurs. Pour l’instant certains éléments laissent à penser qu’un apport en acide folique au cours de la grossesse réduit le risque de cancers de l’enfance. Mais rien ne démontre qu’une telle protection puisse persister pour des cancers survenant des décennies plus tard.

Gut, doi:10.1136/gut.2011.240291.

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8983