L’EFFET ABSCOPAL est un phénomène rare, décrit pour la première fois dans les années cinquante. On a pu observer par exemple une régression d’une tumeur hépatique après l’irradiation d’une métastase osseuse. Il a été montré qu’une radiothérapie localisée peut induire un effet abscopal dans quelques types de cancer : mélanome, lymphome, carcinome rénal. Les mécanismes biologiques ne sont pas complètement compris, mais on soupçonne une participation du système immunitaire.
Michael Postow et coll. (États-Unis) rapportent un cas d’effet abscopal chez une patiente souffrant de mélanome, traitée par ipilimumab et radiothérapie. L’ipilimumab est un anticorps monoclonal qui cible un antigène des cellules T cytotoxiques (CTLA-4).
La patiente a été diagnostiquée à l’âge de 33 ans en 2004. Le traitement par ipilimumab a été commencé en 2009, lors d’une récidive (masse au niveau pleural en situation para-spinale et lymphadénopathie hilaire). Douze semaines après le début du traitement, les réponses à l’anticorps monoclonal ne sont pas visibles au scanner, ce qui est habituel, aussi a-t-il été maintenu. En novembre 2010, devant des images d’aggravation de la maladie, une radiothérapie palliative fractionnée est entreprise pour soulager la patiente de douleurs causées par la localisation paraspinale.
En avril 2011, on observe une régression dans la zone ciblée et également dans d’autres localisations : lymphadénopathie hilaire droite et lésions spléniques. En octobre 2011, la maladie demeure stable. Le traitement de maintien par ipilimumab est poursuivi.
L’ipilimumab est associé à des bénéfices en terme de survie, mais les taux de réponse demeurent modestes : entre 10 % et 15 %.
La patiente a présenté une réponse systémique à une radiothérapie localisée alors que sa maladie progressait sous ipilimumab.
Les masses hilaires et spléniques n’ont reçu que des doses infra-thérapeutiques de radiothérapie.
Des réponses retardées de dix-huit à vingt semaines à l’ipilimumab sont couramment documentées.
Une large place au système immunitaire.
« Aussi, à notre avis, l’intervalle de dix-neuf mois entre le début de l’ipilimumab et la réponse de la maladie, alors qu’une radiothérapie a été administrée entre-temps, ressortit-il davantage de l’effet abscopal que de celui du traitement. »
« Notre observation clinique est cohérente avec d’autres publications, qui font une large place au système immunitaire dans le mécanisme qui sous-tend l’effet abscopal. »
Sur les modèles animaux, il est montré que le système immunitaire doit être fonctionnel pour que cet effet ait lieu. Une association simultanée entre le rétrécissement de la tumeur et une réponse anticorps à un antigène, NY-ESO-1, un marqueur de substitution de la réponse antitumorale, est observée. D’autres associations sont notées : modification de cellules immunitaires circulantes, telles que des CD4 + ICOS qui sont associées aux bénéfices cliniques de l’ipilimumab, suggérant que la radiothérapie peut avoir eu un rôle immunomodulateur dans l’expansion de cette population cellulaire ; augmentation d’autres antigènes après radiothérapie (PTK2 et MED6) signifiant que la radiothérapie stimule la réponse par anticorps.
The New England Journal of Medicine, 8 mars 2012.
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