Depuis le 1er janvier 2019, les dépistages organisés des cancers du sein, du côlon et du col de l'utérus sont cordonnés à l'échelle régionale par les Centre de coordination des dépistages des cancers (CRCDC). Constatant l'inadéquation des stratégies nationales, 14 centres se sont fédérés en une association dirigée par le Dr Brigitte Seradour, présidente du CRCDC Sud PACA.
LE QUOTIDIEN : Qu'est ce qui, à l'origine, a motivé la création de l’Association nationale des CRCDC ?
Dr BRIGITTE SERADOUR : Quand la régionalisation a été une réalité, à partir du 1er janvier 2019, on s'est rendu compte que les centres régionaux n'étaient pas été entendus correctement dans le cadre de la gouvernance par nos tutelles. Nous avions un cahier des charges qui datait de l'époque départementale et qui n'était plus adapté. Il nous fallait un cadre de travail plus clair : les CRCDC sont des entreprises avec 40 à 150 employés avec des responsabilités juridiques, médicales et sociales nouvelles.
Nous avons donc créé cette association pour renouer le dialogue avec la DGS, l’Assurance-maladie et l’INCa. Un de nos objectifs est de relancer les groupes de travail communs avec ces institutions qui n'avaient plus été renouvelés depuis deux ans.
Quels sont les dossiers techniques du dépistage organisé qui doivent être examinés ?
Depuis le lancement du dépistage organisé du col de l'utérus, on constate que le démarrage est quand même très lent. Nous n'avions pas anticipé les difficultés que représentait le lancement d'invitations à l'échelle régionale ou départementale. D’autant plus qu'au même moment, il y a eu un changement des recommandations de la HAS qui ont réorienté le dépistage sur la recherche du HPV et non plus sur le frottis. Il faut maintenant travailler sur les moyens d'impliquer davantage la population, car les communications nationales ne sont pas adaptées au terrain.
Il y a aussi la question des nouvelles technologies d'imagerie pour lesquelles il faut prendre des décisions stratégiques. La tomosynthèse par exemple, dans laquelle ont investi de nombreux radiologues privés, doit entrer dans le dépistage organisé. Nous sommes en attente de recommandations de la HAS. On se pose aussi des questions sur la seconde lecture du dépistage : y a-t-il un intérêt à dématérialiser les clichés ?
Un autre dossier important est celui du contrôle de la qualité des matériels par l'ANSM. Actuellement, ces contrôles sont faits de manière à ne pas froisser les radiologues qui disposent d'un matériel ancien, mais une telle politique ne permet pas d'avoir un contrôle optimal de la qualité de l'image. Actuellement, nous ne parvenons pas à dialoguer avec l'agence sur ce sujet.
Quelles vont être les actions concrètes de l'association sur ces dossiers ?
Nous mettons en place des groupes de travail, dont certains peuvent concerner, sur le plan administratif, les trois cancers assujettis au dépistage. Ces groupes sont consacrés : aux moyens de faire avancer les systèmes d'information ; aux bases de données ; et aux résultats de la seconde lecture telle qu'elle est pratiquée actuellement.
Notre organisation fait que nous avons des présidents de CRCDC qui se positionnent par cancer : quatre d'entre eux sont gastro-entérologues, six radiologues, ainsi que des médecins généralistes et un gynécologue. Tous ces présidents représentent, dans nos groupes de travail, leurs sociétés savantes respectives.
L'activité du dépistage va aussi évoluer en fonction de la démographie médicale. Nous devons examiner les données afin de savoir si notre modèle actuel va se pérenniser.
Pensez-vous que le dépistage organisé soit toujours une priorité nationale aujourd'hui ?
Dans la communication, nous sommes toujours cités comme une priorité nationale, mais dans les faits, on se rend compte que ce n'est plus vraiment le cas. Si on regarde par exemple, la stratégie décennale de santé, le dépistage y est le parent pauvre, et quand on lit les rapports d'évaluation du plan cancer, on voit que la participation est restée faible. On ne veut pas remplacer l'INCa ou la DGS, mais on doit retrouver un cadre rénové de discussion pour être plus efficaces.
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