« Les nouvelles données de l'INVS ont confirmé la baisse de l'incidence des cancers ORL, en recul depuis 1995. On enregistre aussi une baisse de la mortalité liée à la fois à la réduction des cas et à l'augmentation du taux de guérison », note le Dr Stéphane Teman (Institut Gustave Roussy, Villejuif). Et l'épidémiologie évolue.
« On s'est aperçu il y a une dizaine d'années qu'une partie des cancers de l'oropharynx étaient liés à un papillomavirus oncogène. Un seul sérotype est quasi exclusivement en cause (HPV 16) contrairement aux cancers du col ». L'incidence de ces cancers HPV+ croit dans plusieurs pays développés. C'est désormais le premier cancer ORL aux États-Unis. « Or ces cancers ORL HPV+ ont un bien meilleur pronostic quels que soient le stade et le traitement que le même type de cancer de même stade. Il va donc falloir absolument stratifier les patients en fonction du statut HPV de la tumeur dans les études de stratégies thérapeutiques », explique le Dr Teman. Avec en ligne de mire, une adaptation des traitements en fonction du statut HPV.
Immunothérapie en seconde ligne
Pour rappel le traitement de première ligne des formes localisées relève de la radiothérapie et de la chirurgie. « Dans les stades localement avancés correspondant à la majorité des patients une chimiothérapie concomitante à la radiothérapie est de mise depuis une dizaine d'années. C'est l'indication majeure de la chimiothérapie », souligne Stéphane Teman. Une chimiothérapie d'induction est aussi parfois indiquée. Mais trois grandes études testant son intensification n'ont pas fait leurs preuves en 2016. Quant à la chimiothérapie adjuvante, elle n'apporte pas de bénéfice.
« Dans ce cadre, la chimiothérapie seule n'est indiquée que dans les formes métastatiques ou en récidive. Elle fait appel à une association cisplatine/5FU/cetuximab. Mais jusqu'à présent on n'avait pas d'autres choix en seconde ligne que les soins de support ou le méthotrexate. On a désormais une seconde ligne de traitement avec l'immunothérapie ». Le pembrolizumab (anti-PD1) dont les résultats ont été publiés l'an passé avec une autorisation de mise sur le marché (AMM) à la clé et le nivolumab (anti-IgG4) donnent en effet des taux de réponse intéressants chez des patients en échec.
Chirurgie et radiothérapie moins agressives
Coté chirurgie, le développement des techniques endoscopiques a largement progressé ces dernières années. « La voie transorale, qui peut être robotisée, donne un résultat carcinologique équivalent à une chirurgie ouverte classique associé à un bénéfice fonctionnel, notamment une reprise plus précoce de l'alimentation. De la même manière la chirurgie par voie endonasale permet d'opérer avec un abord moins agressif les tumeurs du massif facial ».
Côté radiothérapie, l'offre de soins s'est diversifiée. « On épargne mieux les tissus sains ce qui peut permettre d'augmenter les doses. Une étude en cours teste cette intensification de doses. On attend les résultats en termes de survie néanmoins les premières données sont déjà favorables en termes de qualité de vie ». À suivre donc…
Prise en charge multidisciplinaire
« Les cancers ORL sont des tumeurs très symptomatiques qui induisent des dégradations cliniques rapides. C'est pourquoi, on porte aujourd'hui une grande attention à leur prise en charge multidisciplinaire. De plus en plus d'algologues, de nutritionnistes mais aussi d'oncopsychologues et d'assistantes sociales sont associés aux équipes. D'autant que ces soins de supports améliorent aussi la qualité du traitement oncologique ».
D'après un entretien avec le Dr Stéphane Teman, Institut Gustave Roussy, Villejuif
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