« Le premier confinement a été une sidération, avec un arrêt brutal de l’arrivée de nouveaux patients. Si la sortie de confinement s’est traduite par une reprise progressive, celle-ci a vite plafonné et les retards n’ont pas été compensés, explique le Pr Éric Lartigau, directeur général du Centre de lutte contre le cancer (CLCC) Oscar Lambret (Lille). Le deuxième confinement n’a pas changé cette dynamique. Il n’y a pas eu de coup d’arrêt brutal, mais pas non plus de re-sensibilisation des citoyens pour le dépistage ».
23 000 mammographies de retard
Ainsi, 23 000 mammographies de retard sont dénombrées dans les Hauts-de-France et 250 000 coloscopies en France. « Le retard de prise en charge occasionné pourrait engendrer près de 6 000 décès supplémentaires dans les prochaines années », rappelle le Pr Lartigau, selon les estimations d’Unicancer (fédération des CLCC). Si aujourd’hui la baisse nationale de nouveaux cas de cancer pris en charge est évaluée à 7 % en 2020 (vs 2019), elle est au Centre Oscar Lambret (COL) de 2 % (7 % en gynécologie et 8 % en sénologie), avec des cas plus avancés au diagnostic. C’est globalement une chute de 4 % du nombre de patients pris en charge en gynécologie et en sénologie.
Ce constat est d’autant plus alarmant que les Hauts-de-France détiennent la plus forte surmortalité par cancer au niveau national. « La santé n’est pas la priorité des habitants de cette région », reconnaît le Pr Lartigau.
Une mobilisation soutenue
Néanmoins, le COL reste mobilisé. Il a réussi à maintenir la continuité des soins, sans déprogrammer d’intervention dans le traitement d’un cancer. Après une campagne de juin à octobre pour inciter les femmes au suivi gynécologique, le message est aujourd’hui de « ne pas attendre la fin de la campagne vaccinale et le retour à la normale pour se faire dépister et réaliser des diagnostics précoces ».
Pour favoriser la continuité des soins, le centre a également développé l’outil de communication « Mon Oscar ». « 13 000 patients du COL ont ainsi accès en permanence, sur leur smartphone, à l’intégralité de leur dossier médical, explique le Pr Lartigau. Nous pouvons aussi les interroger et évaluer leur qualité de vie ».
Quant aux parcours patients partagés, développés en collaboration avec le CHU de Lille, « nous avons maintenant le premier groupement de coopération sanitaire en France, appelé Alliance cancer », révèle le directeur du COL. De plus, des outils de pilotage et d’évaluation sont mis en place pour permettre de suivre l’activité par cancer, comme le « parcours Turquoise » dans les tumeurs de l’ovaire, qui a permis de constater une baisse de 50 % de l’adressage des femmes en 2020. « Fin 2022, nous serons en capacité de produire les données de vraie vie (survie, qualité de vie, morbimortalité) pour l’ensemble des patients du centre », projette le Pr Lartigau.
Enfin, des projets d’agrandissements du centre, qui devraient voir le jour à l’horizon 2023, ont débuté. « Avec l’INSERM, le CHU et l’Université de Lille, nous travaillons à la création d’un grand bâtiment pour la recherche contre le cancer », dévoile le Pr Lartigau. Affaire à suivre…
D’après la visioconférence de presse du Centre Oscar Lambret, le 19 janvier 2021
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