Dans les formes inopérables

Le sélumétinib, prometteur dans les neurofibromes de l'enfant

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Publié le 03/04/2020

Une équipe américaine a testé le sélumétinib chez 50 enfants ayant des neurofibromes plexiformes inopérables.

Crédit photo : Phanie

Que proposer aux enfants ayant un neurofibrome plexiforme inopérable ? Alors qu'il n'existe encore aucun traitement validé, une équipe coordonnée par le Dr Andrea Gross, oncopédiatre de l'Institut du cancer américain publie, dans « The New England Journal of Medicine », des résultats encourageants pour le sélumétinib chez des enfants ayant une neurofibromatose de type 1.

Les neurofibromes plexiformes, qui sont des tumeurs nerveuses périphériques bénignes, surviennent chez près de la moitié des sujets avec une neurofibromatose de type 1 et peuvent entraîner des complications notables.

Alors qu'une suractivation de la voie RAS est décrite au cours de l'affection, l'inhibition ciblée de RAS via l'inhibition de MEK est une approche logique, qui a été testée avec succès chez l'animal, est-il rapporté.

Le sélumétinib est un inhibiteur oral sélectif de MEK, qui a été testé avec des résultats mitigés chez 24 enfants. Il apparaissait alors « primordial » de déterminer si le sélumétinib apporte une réponse clinique significative. La tâche n'était pas des plus simples, les neurofibromes étant de localisation diverse avec peu d'échelles de mesure validées.

Ici, dans cet essai de phase 2, les chercheurs américains ont inclus 50 enfants âgés de 10,2 ans en médiane (3,5 à 17,4 ans) atteints d'une neurofibromatose de type 1. Les symptômes invalidants les plus fréquents étaient à type de défiguration (n = 44), de troubles moteurs (n = 33) et de douleurs (n = 26). L'objectif principal était d'évaluer le taux de réponse objective, le bénéfice clinique étant retenu comme critère secondaire. Le sélumétinib était administré deux fois par jour par voie orale, à la dose de 25 mg/m2 de surface corporelle, pour des cycles continus de 28 jours.

Un total de 35 patients (70 %) ont présenté une réponse partielle et 28 une réponse durable (≥ 1 an). À un an, la douleur a diminué de deux points sur l'échelle numérique à 11 items (NRS-11). La qualité de vie globale semble améliorée du point de vue des enfants (48 %) et des parents (58 %). Cinq patients ont arrêté le traitement à la suite de potentiels effets secondaires et six ont vu leur maladie progresser. Les effets toxiques les plus fréquents étaient à type de nausées, vomissements et diarrhée, élévation des CPK et rash acnéiforme et paronychie.

Alors que d'autres inhibiteurs de MEK ont été testés dans la neurofibromatose et que le sélumétinib a montré par ailleurs des preuves d'efficacité dans le gliome des voies optiques, « ces résultats confirment que l'inhibition de MEK est une stratégie thérapeutique rationnelle dans les tumeurs de la neurofibromatose de type 1 », écrivent les auteurs.

A Gross et al. NEJM. DOI:10.1056/NEJMoa1912735

Dr Irène Drogou

Source : Le Quotidien du médecin