Les applis des smartphones diagnostiquent mal les mélanomes

Publié le 18/01/2013
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Crédit photo : S. TOUBON

Attention aux applications pour smartphones proposées pour évaluer des lésions cutanées mélanomateuses sur des photos prises par les utilisateurs. Les résultats sont insuffisamment fiables pour offrir une sécurité d’utilisation appréciable.

Les applications pour smartphones se développent en direction du public (aide au management du diabète, de la fertilité) ou pour l’interface entre le médecin et le patient (suivi d’une HTA, d’une insuffisance cardiaque…). D’autres, enfin, sont disponibles pour le patient. Il importe maintenant de connaître leur fiabilité.

Joel Wolff et coll. ont évalué les applications proposées au public pour déterminer si une lésion cutanée mélanomateuse nécessite une consultation médicale (mélanome malin) ou si elle est plus probablement bénigne. Un nombre substantiel de mélanomes sont détectés initialement par les patients.

La sensibilité comme critère d’évaluation

Les auteurs ont recherché les applications proposées pour les deux principaux systèmes d’exploitation des smartphones et mis à l’épreuve 4 d’entre elles, capables d’analyser des photos déjà prises et ne nécessitant pas une capture immédiate d’image.

La sensibilité était le critère d’évaluation principal (plus la sensibilité est élevée et plus le risque de méconnaître un diagnostic de mélanome malin est faible).

L’étude montre que trois des applications testées « ne diagnostiquent pas correctement 30 % des mélanomes ou plus, cotés comme « non inquiétants », après l’évaluation de l’image prise par l’utilisateur ». Les investigateurs ont analysé 188 images de lésions cutanées (60 mélanomes malins et 128 lésions témoins bénignes). Les images choisies pour l’étude avaient fait l’objet d’un diagnostic anatomo-pathologique antérieur.

L’appli ne remplace pas une consultation

La sensibilité des 4 applications va de 6,8 % à 98,1 % ; la spécificité de 30,4 % à 93,7 %. « La meilleure sensibilité est trouvée pour l’application qui envoie les images directement à des dermatologues. » Mais 3 sur 4 ne font pas relire l’image par un praticien. En fait, l’application qui a la meilleure fiabilité fonctionne comme un outil de télédermatologie.

« Se fier à ces applis à la place d’une consultation auprès d’un dermatologue risque de retarder le diagnostic et, in fine, le traitement salvateur. » Donc d’engager le pronostic vital des personnes.

L’usage des applications ne peut et ne doit pas remplacer le diagnostic médical, insistent les auteurs.

JAMA Dermatology, 2013, DOI :10.100/jamadermatol.2013.2382

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr