À l'occasion des Journées francophones d’hépatogastroentérologie et d’oncologie digestive (JFHOD), la Société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE) a lancé jeudi une campagne grand public de sensibilisation aux cancers digestifs.
La SNFGE part du constat dressé par l'étude réalisée à sa demande sur la perception des cancers digestifs par le grand public. Selon cette enquête, si 32 % des Français craignent de développer un cancer colorectal, seuls 23 % d'entre eux se sentent concernés par le cancer du pancréas, 22 % par le cancer du foie et 20 % par le cancer de l'œsophage.
Selon le Pr Frank Zerbib, du service d'hépato gastro-entérologie du CHU de Bordeaux, « on parle beaucoup du cancer colorectal depuis la mise en place du dépistage organisé, mais il faut élargir le spectre pour que le grand public soit sensibilisé à la prévention des risques de cancer de l'œsophage, du pancréas, de l'œsophage ».
Une proposition : étendre la vaccination HPV aux hommes
Si on demande aux Français quelles sont les principales pathologies à l'origine d'un cancer du foie, 36 % citent la cirrhose, mais seulement 18 % citent l'hépatite C et 9 % citent l'hépatite B. Par ailleurs, seulement 32 % des personnes interrogées sont conscientes que l'obésité est un facteur de risque de cancer digestif (une augmentation de 5 points d'IMC est associée à une hausse de 55 % du risque de cancer de l'œsophage et de 15 % de cancer du côlon ou du pancréas), et 76 % ne font pas le lien entre la vaccination contre l'hépatite B et la prévention du cancer du foie, ou entre la vaccination contre le HPV et la prévention du condylome ou des dysplasies anales chez l'homme. « Nous devons étendre la vaccination HPV aux hommes, commente la Pr Christine Silvain, du service d'hépatogastroentérologie du CHU de Poitiers, et présidente de la SNFGE, il est inconcevable qu'un vaccin contre une MST ne soit administré qu'à la moitié des personnes concernées. »
Alcool, tabac, style de vie…
La campagne de sensibilisation insiste principalement sur les mesures de prévention : consommer moins de 500 g de viande rouge par semaine, diminuer la consommation d'alcool et de tabac et pratiquer une activité physique. Elle demande aussi aux personnes ayant plusieurs cas de cancers digestifs dans leur famille ou une maladie chronique inflammatoire de l'intestin de se considérer comme étant à risque de cancer.
La campagne se déroulera principalement sur le site de la SNFGE et sur les réseaux sociaux, avec un relais assuré par l'INCa. Elle se complétera dès avril avec la diffusion d'une vidéo à destination du grand public.
Les cancers digestifs en pleine mutation
En quelques années, les gastroentérologues ont vu le panorama des cancers digestifs fortement évoluer. La prévalence des cancers de l'estomac a fortement diminué, sous l'influence de la baisse des infections à Helicobacter pylori. Elle s'établit désormais à 7/100 000 chez l'homme et 2,6/100 000 chez la femme. L'incidence du cancer du foie, au contraire, a été multipliée par 5, sous l'action conjointe de l'amélioration du diagnostic et de facteurs environnementaux.
« Nous avons l'intuition que la pollution joue un rôle dans l'augmentation du nombre de cancer du foie et du pancréas, même s'il n'assiste pas encore de données solides pour le prouver, précise le Pr Zerbib, en quelques années, nous avons aussi vu émerger les cancers des voies biliaires qui étaient auparavant rarissimes. Les voies biliaires sont le site privilégié d'élimination des déchets de l’organisme et son très sensibles à la pollution », concluent-ils.
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