Les études présentées lors de l’Asco-GI 2025, évènement spécialisé sur les cancers digestifs de l’Asco, redessinent les standards de traitement dans des cancers colorectaux de différents types. À commencer par l’essai de phase 3 Breakwater, centré sur une prise en charge de première ligne du cancer colorectal métastatique associé à la mutation Braf-V600E (mCRC) par encorafénib et cetuximab associés à la chimiothérapie mFolfox6.
Encorafénib, cetuximab et chimiothérapie dans certains cancers colorectaux métastatiques
Plus précisément, cet essai a comparé cette nouvelle association (encorafénib + cetuximab + mFolfox6) à la chimiothérapie standard actuelle, associée ou non au bevacizumab.
Les résultats préliminaires, présentés à l’Asco-GI, plaident en faveur de cette nouvelle stratégie par rapport au standard de traitement. En effet, bien que les deux prises en charge aient conduit toutes deux à des réponses rapides (en 7,1 à 7,3 semaines), le taux de réponse objectif (ORR) atteignait 61 % avec l’encorafenib/cetuximab + mFolfox6, contre 40 % dans le groupe témoin.
De plus, l’encorafénib/cetuximab + mFolfox6 était associé à une durée de réponse plus élevée, de près de 14 mois, contre 11,1 mois avec le standard de traitement. Et près de 70 % des patients du bras interventionnel avaient répondu à la thérapie expérimentale au moins six mois, contre 22 % dans le groupe standard. Le tout, pour un profil de sécurité globalement similaire dans les deux bras de l’essai.
Si bien que même si les données de survie sans progression définitives restent attendues, la Food and drug administration (FDA) américaine a d’ores et déjà attribué une autorisation accélérée à l’encorafénib-cetuximab + mFolfox6.
Nivolumab et ipilimumab dans le cancer colorectal métastatique avec instabilité microsatellitaire
Une autre étude, française, conduite par des cliniciens et chercheurs de l’AP-HP, pourrait faire évoluer la prise en charge du cancer colorectal métastatique ou non résécable, cette fois avec instabilité microsatellitaire : l’essai de phase 3 CheckMate 8HW, qui a comparé, chez 707 patients, un traitement par nivolumab et ipilimumab, contre le nivolumab seul. Selon les résultats d’une analyse intermédiaire, l’association du nivolumab et d’ipilimumab, quelle que soit la ligne de traitement, s’accompagnait d’une amélioration de la survie sans progression (HR = 0,62), pour un profil d’effets indésirables « gérable ».
Précédemment, le même essai avait comparé nivolumab et ipilumab contre la chimiothérapie standard en première ligne. Il se dégageait là aussi une supériorité des deux molécules sur la chimiothérapie. Ainsi, les auteurs de ces travaux entrevoient un « nouveau standard de soin potentiel ».
Désescalade thérapeutique
Par ailleurs, plusieurs études présentées à l’Asco-GI soutiennent des stratégies thérapeutiques allégées dans d’autres types de cancers colorectaux. Citons l’analyse finale de l’essai Reset-C, selon laquelle une thérapie néoadjuvante par un unique cycle de pembrolizumab serait suffisante chez la plupart des patients présentant un cancer du côlon MMR-déficient de stade 1 ou 2.
Dans le même esprit, une analyse des essais CAO/ARO/AIO-12 et Opra suggère que les patients atteints de cancer rectal localement avancé ayant eu une réponse complète, mais aussi quasi-complète à une thérapie néoadjuvante totale pourraient tous se voir proposer une approche conservative wait-and-watch plutôt qu’une excision mésorectale totale, invalidante. Et ce, sans conséquence sur la survie sans maladie.
Détecter l’ADN tumoral circulant
En outre, de nouvelles modalités de prévision de l’évolution des cancers digestifs, fondées sur la détection d’ADN tumoral circulant, ont aussi fait parler d’elles. Comme l’analyse finale de l’essai Bespoke-CRC, selon lequel la détection d’ADN tumoral circulant chez des patients atteints de cancer colorectal de stade 2 ou 3 après une chirurgie (immédiatement après ou à pendant la survie à long terme) permettrait de prédire une rechute – et ainsi d’adapter l’intensité du traitement.
Ce type de méthode semble également prometteuse dans la prise en charge de cancers moins fréquents. Ainsi, selon de nouvelles données de l’essai Artemis-PC, en cas de cancer pancréatique avancé, l’analyse de l’ADN tumoral circulant a permis chez une centaine de patients d’optimiser le monitoring de la réponse aux traitements, permettant in fine des réponses objectives plus élevées et une survie sans progression plus longue.
Nouveaux espoirs dans des cancers de mauvais pronostic
Quelques résultats encourageants ont par ailleurs été annoncés dans des cancers associés à de mauvais pronostic, dans lesquels la prise en charge laisse actuellement à désirer. A l’instar des tumeurs neuroendocrines gastroentéropancréatiques agressives : selon l’essai de phase 3 Starter-Net, l’association d’évérolimus et de lanréotide doublerait dans ce type de maladies la survie sans progression par rapport à l’évérolimus seul.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024