Saisie début février par les ministres de la Santé Marisol Touraine et de l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, l’Académie de médecine alerte sur les risques de pénurie en 2015-2020 de technétium 99m (99m Tc).
Le 99m Tc, dérivé du molybdène, est le principal élément radioactif utilisé en médecine nucléaire pour réaliser des scintigraphies, dans tous les domaines de la médecine : oncologie, cardiologie, neurologie, endocrinologie, rhumatologie, pneumologie, néphrologie, urologie, gynécologie. Grâce à lui, des gamma-caméras tomographiques (TEMP) effectuent 1 100 000 examens par an, et des tomographes couplés à un scanner (TEP-TDM) en assurent 235 000.
Or les risques de pénurie – déjà connue en 2007-2008 – sont grands. La production de molybdène n’est assurée que par 9 réacteurs dans le monde, dont les 5 plus importants ont plus de 43 ans d’âge et connaissent des arrêts. En France, Osiris assure 10 à 12 % de la demande mondiale, mais son autorisation de fonctionnement court jusqu’à fin 2015, alors que le réacteur Jules Horovitz du CEA, prévu pour le remplacer, ne sera opérationnel qu’en 2018-2020. À l’étranger, le réacteur canadien doit cesser son activité en octobre 2016, celui de Belgique doit être en maintenance pendant 18 mois de 2015 à 2016. Conclusion : une période de pénurie est certaine de 2016 à 2018 selon l’Académie.
Des substitutions compliquées
Aucune substitution n’est possible pour six indications majeures : la détection du ganglion sentinelle (55 000 examens par an chez des femmes atteintes de cancer du sein), la recherche d’embolie pulmonaire chez la femme enceinte, la détection de l’origine d’une hyperparathyroïdie en complément de l’échographie, les scintigraphies de l’enfant, la scintigraphie rénale, et les examens chez les patients ayant une contre-indication aux produits de contraste radiologique.
Dans d’autres cas, comme les scintigraphies cardiaques, les substitutions par des examens TEP représenteraient un surcoût significatif et l’impossibilité de répondre à la demande en raison d’un parc trop restreint. Par exemple, la scintigraphie osseuse pourrait être techniquement remplacée par un TEP au fluorure de sodium, mais entraînerait une suractivité impossible à assumer en raison de la disponibilité des TEP et des équipes médicales et paramédicales. Le surcoût pourrait en outre être de 150 000 000 euros par an.
L’Académie recommande en revanche de substituer indépendamment de toute pénurie de 99m Tc de l’iode 123 pour les 90 000 scintigraphies thyroïdiennes annuelles et des examens en TEP pour les scintigraphies cérébrales pour le diagnostic des troubles cognitifs.
Mais en dehors de ces cas, l’Académie demande aux pouvoirs publics de prévenir la pénurie annoncée de 99m Tc, qui serait un problème de santé publique affectant des dizaines de milliers de patients.
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