Avec environ 70 % des femmes exposées au moins une fois dans leur vie, le HPV toucherait en France plus de 3 millions de femmes et provoquerait chaque année plus de 3 000 cancers du col invasifs (dont environ 1 000 décès). Néanmoins, « les femmes détectées (HPV+) vont éliminer naturellement le virus dans 90 % des cas, dans un délai de 18 à 36 mois, en particulier pour les virus les moins actifs », rappelle le Dr Monsonégo, gynécologue colposcopiste à Paris, directeur de l’Institut du col et président d’EUROGIN.
De nombreux facteurs impliqués dans le développement du virus
Par contre, chez les 10 % de femmes avec un virus persistant, les lésions du col peuvent évoluer vers des dysplasies de différents grades et devenir précancéreuses. « Sur les 15 virus à risque, 5 sont vraiment à risque de lésions précancéreuses », précise le Dr Monsonégo. En effet, les types de virus 16, 18, 31, 33 et 45 dominent clairement ce risque. Le type 16 est le plus à risque car il est à l’origine de dysplasies sévères sous-jacentes dans 15 à 20 % des cas. D’autres facteurs entrent également en jeu dans l’élimination ou la persistance d’HPV, tels que la structure histologique de la zone de transformation du col de l’utérus, l’état immunitaire local (modifié en partie par le tabac, la contraception orale, les infections sexuellement transmissibles…) et l’équilibre du microbiote vaginal. En effet, « un déséquilibre en lactobacilles s’installe progressivement, avec une diminution des bacilles de Doderlein au détriment d’autres lactobacilles. Cette signature en lactobacilles permet d’identifier les différentes étapes de l’infection par le papillomavirus », explique le Dr Monsonégo.
Une prise en charge à améliorer
Aujourd’hui, la prévention de l’infection par HPV dépend du vaccin disponible depuis une quinzaine d’années en France et destiné aux jeunes filles de 11 à 14 ans, avec un rattrapage possible jusque 20 ans. Le comité d’experts de l’ASCO vient de publier de nouvelles recommandations (1,2) préconisant 2 doses chez les jeunes filles de 9 à 14 ans. Pour les jeunes femmes de 15 à 26 ans, comme pour celles déjà infectées par le virus, 3 doses seraient recommandées.
Cependant, aujourd’hui en France, pour toutes les femmes non vaccinées (par choix ou pour lesquelles le vaccin n’était pas encore disponible) porteuses ou non du HPV, la prise en charge repose essentiellement sur le suivi et la surveillance.
Un gel vaginal actif dans la réparation des lésions du col
Un nouveau gel vaginal, Papilocare, est disponible depuis janvier pour prévenir les lésions du col en agissant sur la réépithélisation de la zone de transformation cervicale. Son efficacité sur la régression des lésions de bas grade chez les femmes déjà infectées par le HPV, est actuellement évaluée dans l’étude randomisée de phase IIb PALOMA.
Le gel de ce dispositif médical est essentiellement formulé à partir d’ingrédients naturels de plantes (acide hyaluronique, Coriolus versicolor, Azadirachta indica (Neem), ß-glucane et Centella asiatica). Ces principaux ingrédients sont le Coriolus versicolor, champignon d’origine chinoise (actif sur la régression des lésions intraépithéliales squameuses de bas grade), et Azadiracta indica (Neem), arbre originaire du sous-continent indien (avec des effets sur la négativation du HPV).
Les résultats de l’analyse intermédiaire de l’étude PALOMA, sur 28 patientes, viennent d’être présentés au congrès international HPV 2017 à Cape Town (Afrique du Sud). Ils montrent une différence significative de 41 % dans la réparation des lésions du col de l’utérus HPV-dépendantes en 3 mois par rapport au groupe contrôle. En effet, 74 % des patientes n’ont plus de lésions après 3 mois de traitement (vs 33 % dans le groupe contrôle). Ces résultats semblent se confirmer également après 6 mois de traitement chez les 17 patientes analysées : 91 % d’entre elles (vs 50 % dans le bras contrôle) n’ont plus de lésions et 82 % (vs 33 %) ont éliminé le virus. Cependant, ces résultats encore très préliminaires restent à confirmer. Les résultats de l’analyse finale sur les 96 patientes incluses dans cette étude, réalisée sur 1 an (6 mois de traitements et 6 mois de suivi), sont attendus en fin d’année.
D’après une conférence de presse du laboratoire Procare le 23 mars 2016.
(1) Arrossi S, Temin S, Garland S, et al. Primary prevention of cervical cancer: American Society of Clinical Oncology Resource-Stratified Guideline. J Global Oncol. 2017 Mar 17. [Epub ahead of print]
(2) First global guidance for HPV vaccination for cervical cancer prevention [news release]. Arlington, VA: American Society of Clinical Oncology; March 17, 2017. http://www.asco.org/about-asco/press-center/news-releases/first-global-…. Accessed March 20, 2017.
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