Un candidat-vaccin thérapeutique contre les papillomavirus (HPV) de types 16 et 18, destiné aux femmes déjà infectées, s’est montré prometteur dans un essai de phase I. Ce vaccin à ADN nomme VGX-3100 (Inovio Pharmaceuticals), administré par injection et électroporation, est bien toléré et peut générer de puissantes réponses immunes humorales et cellulaires, avec des cellules T CD8+ spécifiques cytolytiques. Un essai de phase II est en cours.
Le cancer du col de l’utérus, deuxième cancer le plus fréquent chez la femme, est dû aux papillomavirus humains (HPV) de types oncogéniques transmis sexuellement. Les HPV de types 16 et 18 étant responsables de 75 % des cas, ceux-ci sont ciblés par le développement vaccinal.
Si les vaccins préventifs contre le HPV (Gardasil et Cervarix) sont efficaces pour prévenir l’infection par les HPV 16/18, il n’existe à ce jour aucun vaccin pour aider les femmes déjà infectées.
Or on estime qu’il devrait survenir dans les vingt prochaines années pas moins de cinq millions de décès par cancer du col de l’utérus dus à une infection HPV déjà existante. On comprend dès lors l’importance du développement d’un vaccin thérapeutique contre le HPV.
Jusqu’ici, plusieurs approches de vaccin thérapeutique HPV ont été développées mais sans grand succès dans les essais cliniques.
Deux oncogènes des HPV 16 et 18
Bagarazzi et coll. rapportent maintenant, dans la revue « Science Translational Medicine », les résultats encourageants d’un essai de phase I évaluant le VGX-3100 (Inovio Pharmaceuticals), un candidat-vaccin thérapeutique contre le HPV.
Ce vaccin à ADN encode deux oncogènes E6 et E7 de chacun des HPV 16 et 18. Afin d’augmenter son immunogénicité, les séquences géniques ont été optimisées et il est administré par électroporation, une méthode qui, sous l’effet de petites impulsions électriques locales accompagnant l’injection intramusculaire du vaccin, permet d’introduire l’ADN vaccinal directement dans les cellules en créant des pores dans les membranes.
Ainsi, 18 femmes (âgées de 29 ans en moyenne) préalablement traitées pour une lésion précancéreuse du col (une néoplasie cervicale intraépithéliale de grade 2 ou 3 ; CIN 2/3) due aux HPV 16 ou 18, ont reçu une série de 3 injections du vaccin à la dose de 0,3 mg, 1 mg ou 3 mg.
Les résultats montrent que le VGX-3100 administré par électroporation induit une réponse immune spécifique du HPV chez ces femmes déja infectées.
Réponse cellulaire T cytotoxique
Le vaccin est sûr et bien toléré. Il est capable de générer de puissantes réponses immunes humorales (interféron-gamma) et cellulaires, avec des cellules T CD8+ spécifiques du HPV qui sont efficacement chargées en granzyme B et perforine et présentent une activité cytolytique.
Dans le groupe des 6 femmes recevant la dose la plus élevée (3 mg), 83 % (5/6) ont développé de fortes réponses cellulaires T.
« Nous montrons pour la première fois que nous pouvons générer, avec notre vaccin, une réponse cellulaire T cytotoxique spécifique du HPV, considérée comme cruciale pour un vaccin thérapeutique et l’élimination des cellules infectées par l’HPV », précise au Quotidien le Dr Niranjan Sardesai (Inovio Pharmaceuticals, Etats-Unis).
Phase II en cours, phase III en vue
Un essai de phase II, randomisé contre placebo, évaluant le VGX-3100 administré par électroporation a été débuté en mars 2011, avec pour objectif de déterminer si ce vaccin peut aider a éliminer les cellules HPV-infectées et faire régresser le processus dysplasique dans le traitement de la dysplasie du col utérin.
Cet essai de phase II international (États-Unis, Corée, Afrique du Sud, Australie, Canada) portera sur 148 femmes avec des lésions précancéreuses du col (CIN 2/3) dues aux HPV 16 ou 18. Elles seront randomisées à recevoir 3 injections du vaccin (dosé à 6 mg) à 0, 4 et 12 semaines ou le placebo.
« Nous attendons les premiers résultats à la fin de 2013. Si les essais cliniques se déroulent comme prévu, nous espérons avoir les résultats de phase III dans quatre à cinq ans », confie le Dr Sardesai.
« Nous élargirons par ailleurs nos travaux aux cancers associés à l’HPV, tels que les cancers du col utérin, les cancers de la tête et cou et les cancers anogénitaux. »
Bagarazzi et coll. Science Translational Medicine, 10 octobre 2012.
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