On se souvient de l’étude COLCOT dont les résultats avaient été présentés à l’automne dernier lors du congrès de l’American heart association : l’administration de colchicine à faible dose dans les 30 jours après un syndrome coronaire aigu avait entraîné, versus placebo, une réduction significative de 29 % du risque combiné de nouvel événement coronaire (décès cardiovasculaires, arrêts cardiaques ressuscités, infarctus du myocarde [IDM], accidents vasculaires cérébraux [AVC] et réhospitalisations urgentes pour angor nécessitant une revascularisation) après deux ans de suivi.
On attendait donc avec intérêt les résultats de l’étude LoDoCo2, menée cette fois chez des patients coronariens stables depuis plus de six mois. Cet essai prospectif faisait suite aux résultats encourageants rapportés dans l’étude pilote, LoDoCo, publiés en 2013.
Dans LoDoCo2, quelque 5 522 patients ont été randomisés pour recevoir, en plus du traitement conventionnel habituel, de la colchicine à la posologie de 0,5 mg/jour ou un placebo.
Des patients bien traités
Le profil des patients était comparable dans les deux bras de traitement : âge moyen de 56 ans, 15 % de femmes, 11 % de fumeurs, 18 % de diabétiques et une majorité (84 %) avait eu un syndrome coronaire aigu, plus de deux ans avant la randomisation dans 68 % des cas. Quasi tous recevaient un antiplaquettaire (99,7 %) et une statine (96,6 %), 62,1 % un bêtabloquant et 71,7 % un bloqueur du système rénine-angiotensine.
Au terme d’un suivi médian de 28,6 mois, les auteurs ont rapporté une réduction de 31 % du critère primaire d’évaluation, qui associait décès cardiovasculaires, IDM, AVC ischémiques et revascularisation guidée par l’ischémie : ce critère a été atteint par 187 patients (6,8 %) du bras colchicine, comparativement à 264 patients (9,6 %) du bras placebo, soit une incidence de 2,5 événements/100 patients-années vs 3,6/100 patients-années (OR 0,69, IC 95 % 0,57-0,83, p < 0,001). Le critère d’évaluation secondaire, qui combinait décès cardiovasculaires, IDM et AVC ischémiques, a également été significativement moins souvent atteint dans le groupe colchicine (115 patients, soit 4,2 %) que dans le groupe placebo (157 patients, soit 5,7 %). Ce qui correspond à une incidence de 1,5 événement/100 patients-années vs 2,1/100 patients-années (OR 0,72 ; IC 95 % 0,57 à 0,92 ; p = 0,007).
Dans tous les sous-groupes préspécifiés
Ces bénéfices ont été consistants dans tous les sous-groupes préspécifiés de patients, et donc quels que soient le sexe, l’âge, le statut tabagique, la présence ou non d’une hypertension artérielle ou d’un diabète, la fonction rénale, les antécédents de revascularisation ou de syndrome coronaire aigu.
Le traitement par colchicine ne s’est toutefois pas accompagné d’une baisse de la mortalité de toutes causes : 73 décès vs 60 dans le groupe placebo, soit une incidence de 0,9 vs 0,8 événement/patients-années.
Des effets indésirables surtout gastro-intestinaux
Le traitement s’est révélé bien toléré, sans différence avec le placebo quant à la survenue de diagnostic de nouveau cancer, d’hospitalisation pour infection, pneumonie ou problèmes gastro-intestinaux, de neutropénie ou de myotoxicité. Les décès non cardiovasculaires ont été plus fréquents dans le groupe colchicine, 0,7 événement/100 patients-années contre 0,5 dans le groupe placebo (OR 1,51, IC 95 % 0,99-2,31), différence non significative. Les auteurs rappellent que dans l’étude COLCOT, le nombre de décès était respectivement de 23 dans le groupe colchicine et de 20 dans le groupe placebo.
Le taux d’interruption de traitement a été comparable dans les deux bras de traitement : 10,5 %. Sans surprise, les principaux effets indésirables rapportés avec la colchicine ont été de type gastro-intestinal.
Ces résultats corroborent ceux de l’étude CANTOS publiée en 2017, qui avaient validé le concept d’inflammation dans l’athérosclérose, et plus récemment ceux de COLCOT. L’ajout de colchicine, dotée d’effets anti-inflammatoires, permet de réduire le risque résiduel chez des patients coronariens par ailleurs bien traités.
D’après les communications des Prs Mark Nidorf, Australie et Massimo Imazio, Italie, lors du congrès virtuel de l’ESC.
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