De nouvelles recommandations ne clarifient pas toujours les choses. Après l’ANSM et la HAS l’année écoulée, l’Académie de médecine vient de publier à son tour des recommandations sur les anticoagulants oraux directs (AOD), ou ex-« nouveaux anticoagulants oraux » (NACOs). Si l’institution tient un discours très proche des agences sanitaires, le ton est moins tranché... au risque de compromis parfois déstabilisants. Trois AOD sont arrivés sur le marché entre 2008 et 2013, deux anti-Xa, l’apixaban (Eliquis), le rivaroxaban (Xarelto) et un anti-thrombine, le dabigatran (Pradaxa).
Inciter à la prudence
Comme l’ANSM et la HAS, l’Académie reprend le terme « d’alternative aux AVK » pour qualifier le positionnement des AOD. Si la HAS s’était clairement exprimée en indiquant que « la prescription des AOD ne doit pas être privilégiée par rapport à celles des AVK », l’Académie est moins directive estimant que « les AOD doivent être considérés comme peu différents des AVK aussi bien en termes d’efficacité que de risque hémorragique ».
Les deux instances s’accordent sur le fait que, pour les AOD, il n’existe pour l’instant aucun moyen de mesurer en pratique courante le degré d’anticoagulation, que leur action est très sensible à l’oubli d’une prise et surtout qu’il n’existe pas d’antidote en cas de surdosage. Si pour la HAS « il n’existe aucun argument scientifique pour remplacer un traitement AVK efficace et bien toléré par un autre anticoagulant oral », l’Académie préfère en référer simplement à « la prudence ».
La HAS avait indiqué que le choix d’un traitement par AOD se ferait « au cas par cas», selon l’âge, le poids, la fonction rénale, l’observance et le souhait du patient. Tout en concédant que la prescription en première intention est licite, l’Académie a précisé l’indication « la plus pertinente » compte tenu du « recul encore insuffisant (...) en vie réelle ». Elle a repris pour cela les propositions de la HAS selon les mêmes termes : les patients prenant un traitement AVK, dont l’INR n’est pas maintenu dans la zone cible malgré une observance correcte ; les patients pour lesquels les AVK sont contre-indiqués ou mal tolérés ; les patients qui acceptent mal les contraintes liées à la surveillance de l’INR. En ajoutant un item un peu déconcertant sur « les patients qui s’avèrent incapables d’adapter convenablement leur posologie à l’INR ».
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