Les jeunes adultes ayant une dyslipidémie ne remplissent souvent pas les critères justifiant l’initiation d’un traitement par les statines, et cela pourrait bien être une erreur, à en croire le Dr Ann Marie Navar-Boggan, de l’institut de recherche clinique de Duke à Durham (Caroline du Nord), et ses collègues.
Dans l’article qu’ils viennent de publier dans « Circulation », ils montrent qu’une hyperlipidémie modérée commencée tôt à l’âge adulte augmente considérablement le risque de maladie coronaire après 50 ans. Ils ont pour cela analysé les données de 1 478 membres âgés de 55 ans de la cohorte de Framingham sans antécédents de maladie cardiovasculaire. Leurs taux de LDL-cholestérol avaient été régulièrement mesurés au cours des 20 années précédentes, et les auteurs ont continué à les suivre pendant une durée médiane de 15 ans.
Une augmentation de 40 % par tranche de 10 ans
À l’issue de quinze années de suivi, seulement 4,4 % de ceux qui ont toujours présenté des taux normaux de LDL cholestérol (‹ 1,6 g/L) avant l’âge de 55 ans, ont développé une coronaropathie. En revanche, la proportion étaut de 8,1 % chez ceux dont le taux de cholestérol était resté anormalement élevé pendant 1 à 10 ans, et de 16,5 % lorsque le taux de cholestérol s’était maintenu au-dessus de la normale pendant 11 à 20 ans. L’étude montre que plus la dyslipidémie est ancienne plus le risque de coronaropathie est important, même après ajustement pour les autres facteurs de risque comme le diabète. Les auteurs ont calculé que chaque décennie passée avec un taux de cholestérol élevé augmente le risque de maladie coronaire au-delà de 55 ans d’environ 40 %. « Une prévention primaire plus agressive chez les jeunes adultes ayant une élévation continue, même modérée, du taux de LDL-cholestérol pourrait se révéler payante », concluent les auteurs.
Estimer les facteurs de risque sur le long terme
« Une unique mesure du taux de cholestérol chez un enfant ou un jeune adulte ne reflète pas son profil lipidique, mais un suivi régulier de l’évolution du taux de cholestérol serait plus pertinent », estiment les Dr Seth martin et Erin Michos du centre de prévention des maladies cardiovasculaires Johns Hopkins Ciccarone de Baltimore. Selon eux, la mesure idéale du risque cardiovasculaire serait un composite des expositions cumulées aux différents facteurs de risques : « Il deviendra sans doute de plus en plus possible d’agréger le nombre d’années de cholestérol, les années de consommation de tabac, les années d’hypertension et les années de diabètes », pronostiquent-ils.
Ann Marie Navar-Boggan et al, Hyperlipidemia in Early Adulthood Increases Long-Term Risk of Coronary Heart Disease, Circulation du 3 février 2015
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