DE NOTRE CORRESPONDANTE
LE RISQUE de récidive d’une thromboembolie veineuse persiste plusieurs années après la cessation du traitement anticoagulant oral. Ce risque est particulièrement élevé chez les patients ayant une thromboembolie veineuse non provoquée, avec une récidive chez environ 20 % d’entre eux dans les deux ans après l’arrêt des antivitamines K. Une durée plus longue du traitement anticoagulant réduit le risque de récidive (de 60 à 90 %) mais au prix d’un risque accru d’hémorragie (2 % par an, avec un INR de 2 à 3) et d’une surveillance en laboratoire (INR) avec ajustement des doses.
Si le bénéfice de l’aspirine en prévention primaire de la thromboembolie veineuse est bien établi, son bénéfice en prévention secondaire est inconnu.
Après le traitement anticoagulant.
Becattini et coll. publient maintenant les résultats de l’étude WARFASA (Warfarine et Aspirine), une étude multicentrique italienne évaluant l’aspirine pour prévenir la récidive, après le traitement anticoagulant, chez des patients ayant un premier épisode de thromboembolie veineuse non provoquée (sans facteur de risque connu).
Après avoir été traités pendant six à dix-huit mois par warfarine, 402 patients ont été randomisés en double insu à recevoir l’aspirine (100 mg/j) ou le placebo pendant deux ans.
Les résultats montrent une récidive de thromboembolie veineuse chez 28 des 205 patients sous aspirine et chez 43 des 197 patients sous placebo, soit une réduction du taux de récidive sous aspirine d’environ 40 % (6,6 % contre 11,2 % par an ; RR = 0,58; IC 95 % : 0,36 à 0,93).
Un patient dans chaque groupe a présenté un épisode d’hémorragie majeure (0,3 % par patient année), et le taux d’effets secondaires est similaire dans les deux groupes.
« L’aspirine, lorsqu’elle est donnée après le traitement anticoagulant chez les patients ayant une thromboembolie veineuse non provoquée, est efficace pour prévenir la récurrence, sans augmentation apparente du risque de saignement majeur », concluent les chercheurs.
Pour l’éditorialiste Dr Richard Becker (Université de Duke, Durham, NC), lorsque le risque d’hémorragie est faible à modéré, les patients avec une thromboembolie veineuse non provoquée devraient tirer le plus grand parti du traitement anticoagulant prolongé.
L’usage de l’aspirine pourrait éventuellement être considéré en cas de risque élevé d’hémorragie ou en cas de risque faible de récidive.
En attendant ASPIRE.
« Les résultats de l’étude WARFASA sont probants et pourraient signaler un pas important dans l’évolution du traitement ; toutefois, des études devront apporter une confirmation pour établir le rôle en pratique clinique de l’usage de l’aspirine chez les patients qui auraient un risque élevé d’hémorragie sous traitement anticoagulant ou chez les patients pour lesquels des études en cours identifient et valident un profil (clinique ou basé sur un biomarqueur) associé à un faible risque de récidive de thromboembolie veineuse. »
Une autre étude (ASPIRE) évalue l’aspirine chez 832 patients ayant une thromboembolie veineuse non provoquée, après trois à six mois de warfarine, et les résultats sont attendus avant la fin de l’année. « Une analyse prospective des deux études (WARFASA et ASPIRE) est prévue et elle devrait procurer des données plus fiables de l’effet de l’aspirine chez les patients qui ont une première thromboembolie veineuse non provoquée. »
Becattini et coll., New England Journal of Medicine du 21 mai 2012, p. 1951.
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