Le score calcique (CAC) ne doit pas être utilisé en routine pour mesurer le risque cardiovasculaire (CV), fait savoir par communiqué le conseil scientifique du Collège national des généralistes enseignants (CNGE).
Son utilité reste controversée entre les sociétés savantes. La plupart, qu'elles soient européennes ou américaines, recommandent d'utiliser le CAC chez les patients asymptomatiques ou à risque intermédiaire, mais pas comme méthode systématique de dépistage. Mais la US Preventive Services Task Force s'était prononcée en défaveur en 2018.
Fin avril, une nouvelle méta-analyse, basée sur six cohortes de quatre pays différents et totalisant plus de17 900 participants, a conclu que « le gain modeste est souvent dépassé par les coûts, les taux d'incidentalomes et le risque de radiation ».
La prévention primaire des décès et des maladies CV repose aujourd'hui sur une évaluation globale quantifiable par des équations de risque basées sur des facteurs cliniques et biologiques. « En France, Score 2 est l'équation la plus récente et adaptée à l'évaluation du risque de morbimortalité CV à 10 ans des sujets âgés de 40 à 89 ans », rappelle le CNGE.
Un outil de stratification du risque CV
Le score calcique mesure l'étendue des dépôts athéromateux calcifiés dans les artères coronaires à l'aide d'un scanner thoracique. D'après les études, un CAC égal à 0 est prédictif d'une faible incidence d'événements CV par rapport à un CAC > 0, et cette prédiction semble persister après 10 ans de suivi. « Selon des recommandations françaises, un CAC > 100 définirait un haut risque CV, et un seuil > 400 un très haut risque », ajoutent les généralistes enseignants.
Pour sa prise de position, le CNGE met en avant les récents résultats de la méta-analyse, qui a étudié l'apport du CAC par rapport aux équations de risque CV seules. « Environ 10 % des sujets avaient un CAC prédictif de risque intermédiaire ou élevé alors qu'ils avaient une équation clinico-biologique à risque faible, est-il rapporté. Parmi eux, plus de 86 % n'ont pas eu d'événement CV à 5-10 ans. » Inversement, parmi les 1 % de patients à haut risque selon une équation clinico-biologique, mais à faible risque selon le CAC, plus de 91 % n'ont pas eu d'événement CV. « Les bénéfices cliniques attendus d'une reclassification du risque CV avec le CAC sont donc mineurs par rapport à l'utilisation d'une équation de risque valide », conclut le CNGE.
En France, la Haute Autorité de santé devrait se prononcer prochainement sur la question dans une recommandation intitulée « Risque cardiovasculaire global en prévention primaire et secondaire : évaluation et prise en charge en médecine de premier recours ». Le CNGE est l'un des nombreux organismes professionnels et institutionnels consultés pour ce travail. Certains spécialistes plaident pour proposer le CAC à des sous-groupes de patients. Ce que n'excluent d'ailleurs pas les auteurs de la méta-analyse, soulignant que le CAC pourrait avoir « un rôle pour améliorer l'évaluation du risque chez des patients sélectionnés », mais tout en précisant que les sous-groupes bénéficiaires ne sont à ce jour pas clairement établis.
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