Moins d’hospitalisation pour poussées d’insuffisance cardiaque

Le cœur sous surveillance à distance

Publié le 01/03/2011
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Crédit photo : S TOUBON

MALGRÉ LES PROGRÈS thérapeutiques, les taux d’hospitalisation se sont peu améliorés ces trente dernières années, indiquent William Abraham et coll. en introduction de leur étude publiée dans le « Lancet ». Aux États-Unis, parmi les bénéficiaires de Medicare, 27 % des patients insuffisants cardiaques quittant l’hôpital sont réhospitalisés dans les trente jours.

Les patients sont habituellement hospitalisés pour une aggravation des signes congestifs. Des travaux antérieurs ont montré que des augmentations des pressions intracardiaques et des pressions de l’artère pulmonaire sont les causes de cette congestion et sont apparents plusieurs jours ou plusieurs semaines avant le début de l’aggravation de ces symptômes et l’hospitalisation. Ce qui suggère qu’une intervention précoce ciblant ces pressions pourrait réduire le risque d’hospitalisation. Dans un essai clinique, il est apparu que l’augmentation des pressions intracardiaques survient souvent indépendamment des modifications du poids, ce qui signifie que la surveillance du poids à elle seule n’est pas suffisante pour identifier à temps une congestion. Cela expliquerait pourquoi les systèmes de télémonitoring portant sur les symptômes d’IC rapportés par le patient et la pesée quotidienne n’ont pas réduit le risque de réhospitalisation et de mortalité.

On a développé des systèmes implantables pour le monitoring chronique des pressions intracardiaques et dans l’artère pulmonaire. Les résultats préliminaires suggèrent que ces systèmes sont associés à une réduction des hospitalisations pour insuffisance cardiaque. C’est dire l’intérêt de l’étude CHAMPION, publiée dans le « Lancet », destinée à voir si, dans l’insuffisance cardiaque, le monitoring des pressions de l’artère pulmonaire pourrait réduire grandement le taux d’hospitalisation pour IC.

Ont été inclus dans ce travail randomisé et prospectif des patients de plus de 18 ans, en insuffisance cardiaque NYHA de classe III, indépendamment de la fraction d’éjection du VG, ayant déjà été hospitalisés pour IC. Chez tous ces patients, on a procédé à l’implantation d’un sensor par radiofréquence de l’artère pulmonaire, partie intégrante d’un système de monitoring hémodynamique implantable sans batterie et sans fil (W-IHM). Après cette implantation, les patients ont été gardés une nuit en observation à l’hôpital.

Avant la sortie, les patients ont été randomisés en deux groupes : ceux du groupe traitement, dans lesquels les médecins pourront consulter les données du télémonitoring et ceux du groupe contrôle dans lequel les médecins n’auront pas accès à ces données.

Chez eux, les patients des deux groupes devaient chaque jour lire et télétransmettre la pression de l’artère pulmonaire.

Dans le groupe traitement, les médecins devaient si nécessaire faire baisser la pression de l’artère pulmonaire par des médicaments neurohormonaux, diurétiques ou vasodilatateurs.

Toue les patients étaient sous traitement optimal de leur insuffisance cardiaque au moment de l’implantation du sensor.

Dans les six mois qui ont suivi, ont été enregistrées 83 hospitalisations pour IC dans le groupe traitement (n = 270) et 120 dans le groupe contrôle (n = 280) ; hazard ratio : 0,70.

Au cours du suivi global, (en moyenne 15 mois), on a noté une diminution de 39 % des hospitalisations pour IC dans le groupe traitement.

« Nos résultats concordent avec ceux de travaux antérieurs, montrant une réduction importante et significative des hospitalisations chez les patients en IC NYHA classe III pris en charge par un dispositif de monitoring implantable sans fil », concluent les auteurs.

The Lancet, édition en ligne du 10 février 2011.

 Dr EMMANUEL DE VIEL

Source : Le Quotidien du Médecin: 8914