Bien que l’accident vasculaire cérébral (AVC) constitue la première cause de handicap acquis de l’adulte, et la deuxième cause de démence, une seule thérapie est approuvée : la reperfusion précoce (dans les 3 heures) avec des agents thrombolytiques ; cependant, seule une petite proportion des victimes peut en bénéficier.
Plus de mille échecs
Autre stratégie, la neuroprotection vise à augmenter la résistance du cerveau à l’ischémie. Toutefois, plus de mille agents neuroprotecteurs expérimentaux ont échoué dans les essais cliniques malgré leur efficacité chez les rongeurs.
Pour combler cet écart translationnel et développer un modèle animal qui prédise fidèlement l’innocuité et l’efficacité de neuroprotecteurs expérimentaux chez les patients victimes d’AVC, Cook et coll. (Université de Toronto) ont recouru au macaque cynomolgus, un primate partageant des similitudes génétiques, anatomiques et comportementales avec les humains.
Ces animaux ont été soumis à de petits AVC emboliques, comme ceux survenant au cours des réparations endovasculaires d’anévrisme cérébral, mais aussi durant de nombreuses procédures endovasculaires (dont le pontage cardiopulmonaire et le stenting carotidien).
L’inhibition d’une protéine neurotoxique
Les chercheurs canadiens ont testé le Tat-NR2B9c (ou NA-1), un neuroprotecteur prometteur qui inhibe la protéine PSD-95 (postsynaptic density-95 protein) neurotoxique ; et ils ont utilisé un protocole expérimental similaire à celui d’un essai clinique concomitant, appelé ENACT (Evaluating Neuroprotection in Anevrysm Coiling Therapy), dont l’objectif était d’évaluer si le Tat-NR2B9c peut réduire les AVC chez des patients subissant une réparation endovasculaire d’anévrisme cérébral.
Dans les deux études randomisées contre placebo, les animaux et les patients étaient soumis à une procédure sous anesthésie générale qui produisait des AVC emboliques similaires ; ils étaient traités de façon identique par le neuroprotecteur ou le placebo, et étaient évalués de façon similaire.
L’équipe montre que les primates traités par le Tat-NR2B9c une heure après la fin de la procédure embolique présentent une réduction de 50 à 60 % du nombre et du volume des AVC détectés par deux méthodes d’IRM.
Des résultats cliniques bientôt publiés
Ces résultats ont anticipé correctement les résultats de l’essai clinique correspondant, qui doivent être publiés dans moins d’une semaine (Hill et coll., « Lancet Neurology », sous presse). Ce qui indique que ce modèle primate permet de prédire l’efficacité des neuroprotecteurs expérimentaux avant leur évaluation chez les patients.
« L’implication clinique est qu’il est possible d’utiliser les résultats de l’étude animale pour élaborer le protocole de l’essai clinique, explique au "Quotidien" le Dr Mike Tymianski, qui a dirigé ce travail. Par exemple, en nous basant sur l’ampleur de l’effet du médicament constatée chez nos animaux, nous avons révisé la taille de notre échantillon de patients (le nombre de patients dans le groupe traité et dans le groupe témoin), ce qui nous a permis de terminer l’étude de manière plus efficace. »
« De plus, cela constitue un nouveau modèle d’AVC qui simule fidèlement les mêmes types d’AVC survenant chez les humains après réparation endovasculaire d’anévrisme et après de nombreuses procédures chirurgicales et endovasculaires affectant le cœur, l’aorte et les vaisseaux sanguins partant du cœur, comme le pontage cardiopulmonaire, le stenting ou l’endarterectomie de la carotide, et les interventions cardiaques percutanées dont la réparation des valves. Notre prochain objectif sera d’évaluer le NA-1 chez des patients victimes d’un AVC ischémique aigu », confie le Dr Tymianski.
Cook et coll., Science Translational Medicine, 3 octobre 2012.
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