Onze mois de détention, amaigrissement d’au moins 30 kg (38 selon son frère Denis), fuite sportive de 4-5 km à pied « rocambolesque » et « digne d’un livre d’aventures » comme l’a souligné François Hollande, aucun de ces éléments « ne permet de préjuger de l’état de santé de Francis Collomp », selon le Pr Boris Hansel, endocrino-nutritionniste à l’hôpital Bichat. L’ingénieur âgé de 63 ans était un otage plus fragile que les autres, diabétique (sans que l’on sache s’il s’agit d’un diabète insulinodépenant ou insulinorequérant), et ayant subi un triple pontage aorto-coronarien dix ans plus tôt, ce qui était un motif d’inquiétude supplémentaire pour les proches. Si pour l’instant, les conditions précises de détention de l’otage n’ont pas été clairement explicitées, il semblerait qu’il n’ait pas été maltraité, laissant penser qu’il ait pu suivre son traitement habituel. Après un premier bilan au Nigeria, Francis Collomp, une fois rapatrié en avion médicalisé, a été admis ce matin au Val-de-Grâce pour des examens médicaux et psychologiques.
Un amaigrissement à double sens
« Tout est possible, commente le Pr Hansel. Un amaigrissement massif peut être le signe d’une décompensation du diabète, tout comme il peut laisser présager d’une amélioration de l’état d’insulinorésistance dans le cas d’un diabète de type 2 avec un surpoids initial important. » Ce d’autant que la perte de poids n’est pas en soi un facteur toujours bénéfique dans le diabète de type 2, « puisque la perte musculaire signe une dénutrition protéique préjudiciable. Seule la fonte adipeuse intra-abdominale est bénéfique. Un bilan nutritionnel est indispensable ».
Même réflexion pour la durée prolongée de détention. Si décompensation il y a eu, la résistance dont il a fait preuve au cours de ces longs mois serait-elle un gage de santé sinon bonne au moins préservée ? « Impossible de préjuger du stade d’évolution du diabète, ajoute le Pr Hansel. Bien sûr, il y a les décompensations acido-cétosiques, brutales et menaçant le pronostic vital, mais le diabète peut aussi se déséquilibrer fortement sur un mode chronique avec une perte de poids progressive. »
Un esprit combatif
Si l’otage est apparu affaibli aux yeux de tous, sa femme Anne-Marie a déclaré qu’elle pensait « le voir plus fatigué que ça, mais je vois qu’il tient le coup, c’est un homme fort ». Francis Collomp a fait preuve d’une détermination hors norme pour préparer soigneusement son évasion et puiser les ressources physiques nécessaires à sa fuite. « Là encore, si l’on ne peut que saluer le courage et l’esprit combatif de Francis Collomp, on ne peut rien en conclure quant à la gravité de son état de santé, hormis de dire l’évidence, c’est-à-dire qu’il n’est pas en situation de décompensation gravissime avec coma. » Le frère de l’otage a rapporté à l’AFP que Francis Collomp s’était astreint à des exercices physiques réguliers et soutenus, pompes, abdominaux et marche de plusieurs km (jusqu’à 10-15 km) en rond dans sa cellule, ce qui a certainement contribué à préserver un capital musculaire et un moral d’acier.
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