Deux études épidémiologiques ont révélé que les plus gros mangeurs de lait, yaourts et fromage blanc ont une mortalité totale réduite environ de moitié.
Dans la lignée des grands travaux épidémiologiques européens, deux études françaises se sont intéressées aux comportements qui pourraient prévenir la survenue de maladies cardiovasculaires. En matière de nutrition, les produits laitiers frais, le pain et les fruits et légumes, ont un effet préventif intéressant, selon ces études.
Pour mémoire, MONICA (Monitoring of trends and determinants of cardiovascular disease) (1) est une cohorte suivie dans trois régions françaises depuis 15 ans, dont le volet nutritionnel a été constitué d’un sous-groupe de 976 hommes de 45 à 65 ans. Elle avait montré que les personnes consommant plus de produits laitiers frais (laits, yaourts, fromage blanc) ont moins fréquemment un syndrome métabolique : 18,3 % dans le quintile supérieur contre 32,4 % dans le quintile inférieur.
Fruits, légumes, pain...
Ce qui s’est concrétisé au cours du suivi, avec une mortalité totale à 15 ans réduite de 39 % en ce qui concerne le lait, de 51 % (yaourt et fromage blanc) et de 39 % pour le fromage, ceci après ajustement pour les divers facteurs confondants. Notons aussi que parmi les autres aliments, les fruits et légumes (- 35 %) et le pain (- 43 %) avaient également un effet significatif.
Globalement, la mortalité est diminuée de 59 % au cours des 15 ans de suivi chez les sujets consommant le plus de produits laitiers, pain, fruits et légumes.
Les résultats en cours de publication de MONA LISA-NUT (Monitoring national du risque artériel) (2) le confirment. Cette étude épidémiologique transversale sur 3 078 sujets (50 % de femmes) a mis en rapport le risque cardiovasculaire calculé (SCORE et Framingham) et l’alimentation, évaluée sur trois jours consécutifs dont un jour de week-end.
Elle met en évidence un risque de mortalité cardiovasculaire à 10 ans diminué de 30 % selon les deux scores (p inférieur à 0,001), chez les plus gros consommateurs de produits laitiers frais par rapport aux plus faibles. « Cette réduction est essentiellement imputable à une LDL-cholestérolémie plus faible. Schématiquement, l’effet des produits laitiers frais est le quart de celui d’une statine de base », indique le Pr Ferrières (INSERM UMR 1027, CHU de Toulouse, Université Paul Sabatier III). Quant au fromage, « il a un effet neutre sur les facteurs de risque dans cette étude et sur le LDL-cholestérol, mais, de façon contre-intuitive, une consommation élevée de fromage (plus de 60 g/j) augmente la HDL-cholestérolémie ».
Mécanismes
Selon le Pr Ferrières, deux composants du lait expliquent en grande partie ces effets métaboliques : « Le calcium diminue la pression artérielle, c’est un aspect très bien documenté maintenant ; par ailleurs, il réduit aussi l’insulinorésistance. Les protéines laitières jouent pour leur part un rôle anti-enzyme de conversion ; elles empêchent aussi l’absorption intestinale des graisses. » D’autres mécanismes entrent en jeu à une moindre mesure, « la vitamine D, les graisses, le microbiote intestinal », a-t-il indiqué.
(1) Bongard V et al. Eur Heart J 2012; 33 (S1) : 609-10
(2) Kai SH et al. Eur J Prev Cardiol. 2013 Sep 3. Epub ahead of print
Conférence de presse organisée par le CERIN. Données présentées aux 24es Journées européennes de la Société française de cardiologie, à Paris du 15 au 18 janvier 2014.
En pratique
L’ordre de grandeur journalier des consommations recommandées, avec lesquelles des effets bénéfiques ont été observés dans ces études est de :
– 1 à 2 verres de 150 ml de lait
– 1 yaourt ou fromage blanc de 120 g
– une portion de 30 g de fromage
– 5 à 6 portions de 100 g de légumes
– 150 g de pain
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