Prévention du risque cardio-vasculaire

Les vertus d’un apport suffisant en potassium

Publié le 08/04/2013
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Crédit photo : DR

PLUS DE SODIUM et moins de potassium, la consommation de ces deux sels minéraux s’est profondément modifiée dans nos sociétés modernes. Si la responsabilité de l’excès de sodium est bien démontrée dans l’incidence galopante des maladies cardio-vasculaires, le rôle joué par le potassium a moins été mis en lumière. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) s’en est chargée dans une vaste métaanalyse (1) incluant 22 essais randomisés contrôlés (1 606 participants) et 11 études de cohortes (127 038 participants). Au vu des bénéfices cardio-vasculaires avant la publication des résultats, l’OMS (2) recommande depuis 2012 un apport de potassium alimentaire d’au moins 90 mmol/l (3 510 mg/jour) pour les adultes (individus âgés ≥16 ans). Pour les enfants (2-15 ans), l’apport potassique doit être ajusté à la baisse en proportion des besoins énergétiques par rapport aux adultes.

Moins d’HTA, moins d’AVC.

Un apport potassique majoré diminue les chiffres tensionnels chez les hypertendus, la systolique de 3,49 mm Hg et la diastolique de 1,96 mm Hg, sans pour autant les abaisser chez les normotendus. La plus forte baisse tensionnelle était obtenue pour un apport potassique compris entre 90 et 120 mmol/jour (3,5 g/j à 4,7 g/j) sans que ne soit observé d’effet supplémentaire au-delà. Le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) est significativement diminué de 24 %. Chez les enfants, la pression artérielle diminue de façon non significative. Quelle que soit la quantité de potassium, aucun effet secondaire n’a été décrit pour la fonction rénale, le bilan lipidique ou les catécholamines, du moment que la source reste alimentaire.

Rééquilibrer la balance Na/K

L’étude relance l’hypothèse d’une balance entre sodium et potassium. Certes, dans une analyse en sous-groupe, les chercheurs ont constaté une plus forte baisse tensionnelle (6,91 mm Hg) dans le groupe d’études ayant la consommation en sel la plus forte (›4 g/jour). Néanmoins, comme l’équipe a constaté une réduction tensionnelle significative pour un apport de 2-4 g/jour, les auteurs estiment qu’« une augmentation des apports potassiques peut présenter des bénéfices tensionnels même si les individus diminuent leur apport en sodium ». Ce qui est cohérent avec les études publiées précédemment sur les deux sels minéraux, et qui concluaient à un bénéfice supérieur à modifier de façon simultanée les apports plutôt qu’un seul individuellement.

Dans ses recommandations sur le potassium, l’OMS fait référence à l’apport en sodium, qui a déjà fait l’objet de recommandations spécifiques. Alors qu’un apport en sel ‹5 g/jour est conseillé, l’OMS fait observer que le rapport optimal entre les deux sels minéraux est d’environ 1/1. Deux études publiées dans le même numéro du British Medical Journal (3) viennent d’ailleurs renforcer ces conclusions en montrant les risques cardio-vasculaires par excès de sodium. Pour l’OMS, « la mise en place de ces recommandations aurait un impact important en santé publique sur la diminution de la morbidité et de la mortalité, l’amélioration de la qualité de vie de millions de gens et la réduction des dépenses de santé ».

(1) BMJ, 2013;346:f1378, publié en ligne le 4 avril 2013. (2) Guideline: Potassium intake for adults and children. WHO, 2 012. (3) BMJ, 2013; 346:f1325 et BMJ, 2013;346:f1326, publiés en ligne le 4 avril 2013.

 Dr IRÈNE DROGOU

Source : Le Quotidien du Médecin: 9232