DE NOTRE CORRESPONDANTE
« NOUS PENSONS avoir trouvé une méthode pour stopper une arythmie potentiellement fatale en délivrant un courant alternatif de haute fréquence (CAHF) pendant environ un tiers de seconde. Le courant alternatif place les cellules myocardiques désynchronisées dans un état réfractaire, comme dans un état d’animation suspendue. Lorsque nous arrêtons le courant, les cellules retournent immédiatement à un état normal », explique le Dr Ronald Berger, spécialiste en électrophysiologie cardiaque à l’université Johns Hopkins (Baltimore). « Si les futures études confirment ce que nous avons appris jusqu’ici, ceci pourrait être moins douloureux pour le patient tout en obtenant le même résultat. »
Douleurs et effets secondaires.
La seule méthode fiable pour traiter la fibrillation ventriculaire, une cause majeure d’arrêt cardiaque et de mort subite, est la délivrance par un défibrillateur (implanté ou externe) d’une brève impulsion électrique de haute énergie (courant direct) au muscle cardiaque. Ce choc de haute énergie est toutefois douloureux et associé a des effets secondaires (lésions cellulaires, troubles de la conduction cardiaque, dysfonction mécanique...) ; aussi une alternative dépourvue de ces effets serait souhaitable.
Le muscle cardiaque et le tissu nerveux reposent tous deux sur un mécanisme similaire de propagation d’impulsion électrique, cela afin de conduire, pour l’un, les rythmes cardiaques, pour l’autre, les signaux nerveux.
Un état réfractaire temporaire.
Puisque le courant alternatif peut être utilisé pour bloquer temporairement la conduction dans les cellules nerveuses (ce qui est exploité pour bloquer les signaux de la douleur), Tandri, Berger et coll. ont cherché à savoir si cette approche pouvait être appliquée au muscle cardiaque.
Ils montrent qu’effectivement un courant alternatif de haute fréquence (CAHF) délivré au cœur pendant 300 à 400 ms peut, en maintenant les cellules myocardiques dans un état réfractaire temporaire, bloquer la propagation des ondes et arrêter les arythmies de réentrées ; lorsque la stimulation s’arrête, le rythme normal est restauré.
Ils en apportent la preuve de principe dans plusieurs modèles : monocouches de cardiomyocytes ventriculaires de rats nouveau-nés, cœurs de cochons d’Inde et de lapins, in vivo chez des lapins adultes anesthésiés et, enfin, dans des simulations informatiques de propagation d’impulsion dans tout le cœur.
« Ce travail ouvrira la voie à une nouvelle génération de défibrillateurs implantables et externes utilisant le CAHF au lieu du traditionnel champ électrique de courant direct », déclare au « Quotidien » le Dr Harikrishna Tandri.
« Il nous faut maintenant comparer l’efficacité et l’innocuité du CAHF à la méthode thérapeutique actuelle (courant direct) chez de grands animaux, ce que nous espérons achever l’année prochaine, avant de pouvoir débuter des essais cliniques. Nous conduisons actuellement des expériences sur des modèles porcins intacts afin d’étudier l’effet du CAHF sur la fonction cardiaque et la fonction cellulaire. »
Science Translational Medicine, 28 septembre 2011, Tandri et coll.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024