PLUS DE 800 000 arrêts cardio-respiratoires extra-hospitaliers surviennent chaque année aux États-Unis et en Europe. La survie de ces patients est très modeste, de l’ordre de 5 %. Ces mauvais résultats s’expliquent par de nombreux facteurs, en particulier l’absence de réanimation cardio-pulmonaire (RCP) avant l’arrivée des secours et la faible efficacité du massage cardiaque externe.
En effet, la RCP classique est d’une efficacité limitée. La compression thoracique accompagnée d’une ventilation manuelle ne suffit pas à assurer au niveau du cerveau et du cœur une perfusion de plus de 25 % de sang correctement oxygéné.
Or l’augmentation de la pression intrathoracique négative pendant la phase de décompression de la RCP permet d’augmenter la perfusion cardiaque et intracérébrale chez les animaux et les humains. Il est par ailleurs admis que la qualité de la RCP dépend avant tout de la qualité des compressions thoraciques, celles-ci devant avoir une profondeur d’au moins 5 cm chez l’adulte sans dépasser 6 cm, et une fréquence d’au moins 100 par minute, avec un maximum de 120.
Un essai clinique de réanimation « augmentée ».
C’est pourquoi T. P. Aufderheide et coll. ont entrepris un essai clinique destiné à évaluer un système innovant de compression-décompression thoracique active (1). Ils ont associé une compression thoracique avec décompression active effectuée à l’aide d’une « ventouse », la « cardiopompe », à une valve d’impédance inspiratoire connectée au masque de ventilation, afin d’éviter l’entrée d’air dans les poumons quand la pression intrathoracique est négative. Cela diminue la pression intrathoracique et majore ainsi le retour veineux.
Dans leur étude randomisée, les auteurs ont comparé la RCP classique et la RCP avec compression-décompression active. Ils ont obtenu la participation de 46 services d’urgences médicales aux États-Unis qui prennent en charge au total 2,3 millions de personnes vivant en ville, en banlieue et en zone rurale. Le critère de jugement de ce travail a été la survie à un an sans séquelles neurologiques, matérialisée par un score de Rankin modifié inférieur ou égal à 3.
Une survie sans séquelles neurologiques à un an passant de 5,8 à 8,9 %.
Au total, 813 adultes ont été de façon aléatoire assignés à la RCP conventionnelle, formant ainsi le groupe témoin, le groupe « intervention », assignés à la compression-décompression active, comportant 840 sujets. L’analyse des données a été réalisée par des investigateurs qui n’ont pas participé à la réanimation et qui sont restés dans l’ignorance de l’affectation des malades dans l’un ou l’autre groupe.
Dans le groupe assigné à la RCP utilisant la cardiopompe et la valve d’impédance inspiratoire, la survie à un an sans séquelles neurologiques a atteint 8,9 % contre 5,8 % dans le groupe assigné à la RCP classique, ce qui correspond à un rapport des cotes (odds ratio) de 1,58, la différence constatée étant statistiquement significative (p = 0,019). Ce surcroît d’efficacité s’est accompagné d’une majoration de la fréquence des œdèmes pulmonaires, qui a atteint 11 % contre 7 %.
Au total, en dépit d’une augmentation du risque d’œdème pulmonaire après les manœuvres de réanimation, la réanimation cardio-respiratoire faisant appel à un appareil de compression-décompression active et à une valve d’impédance limitant l’entrée d’air dans les poumons semble bénéfique en termes de survie sans séquelles. Ce bénéfice se maintient à un an (2).
(1) Aufderheide TP, et coll. Standard cardiopulmonary resuscitation versus active compression-decompression cardiopulmonary resuscitation with augmentation of negative intrathoracic pressure for out-of-hospital cardiac arrest: a randomised trial. Lancet 2011; 377 (9762): 301-11.
(2) Nagele P. Augmented CPR: rescue after the ResQ trial. Lancet. 2011; 377 (9762): 276-8.
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