Comme l’a souligné le Pr Bernard Cribier (Strasbourg)*, à côté de la composante vasculaire, la physiopathologie de la rosacée implique d’autres mécanismes complexes.
Plusieurs mécanismes impliqués
Il existe, dans la rosacée, des anomalies vasculaires telles qu’une stase et une augmentation du flux sanguin du visage, ainsi qu’une hypersensibilité faciale non allergique.
Des anomalies de l’immunité innée existent également, qui entraînent une production importante de médiateurs favorisant l’inflammation, avec exacerbation des réponses inflammatoires aux stimuli de l’environnement (bactéries, parasites…).
L’implication de Demodex folliculorum est aussi clairement démontrée et son activité pro-inflammatoire connue, mais son rôle est encore incomplètement élucidé. On sait, par exemple, que la doxycycline comme le métronidazole topique, qui n’ont pas d’action antiparasitaire, entraînent une diminution des signes cliniques de la rosacée sans diminuer le nombre de Demodex. On s’oriente donc vers un rôle indirect de Demodex via les bactéries qu’il héberge (notamment Bacillus oleronius), c’est-à-dire son microbiote.
Des avancées thérapeutiques
Parallèlement à ces nouvelles données, de nouveaux traitements sont actuellement disponibles.
Le tartrate de brimonidine, agoniste des récepteurs α2-adrénergiques, agit localement en réduisant l’érythème associé à la rosacée, par vasoconstriction directe.
Les résultats de deux études pivot présentées par le Pr Cribier montrent que le tartrate de brimonidine est efficace dès la première demi-heure et, à long terme, jusqu’à un an. Il n’induit pas de tachyphylaxie, peu de phénomène de rebond et est bien toléré. Il peut être associé à tous les autres traitements de la rosacée.
L’ivermectine, macrolide antiparasitaire à action anti-inflammatoire, est efficace sur les signes fonctionnels (prurit, sécheresse de la peau) et les lésions inflammatoires de la rosacée.
L’érythrose de la rosacée, un vrai « handicap »
La possibilité de disposer d’un traitement de l’érythrose liée à la rosacée est d’autant plus importante, précise le Pr Laurent Misery (Brest)*, que son impact est réel, notamment parce qu’elle atteint le visage, avec une forte altération de la qualité de vie. Outre le fait que les personnes présentant une érythrose soient, à tort, accusées d’alcoolisme, une étude montre que les photos des mêmes personnes avec ou sans coloration rouge du visage sont perçues différemment : lorsque le visage est rouge, elles sont considérées comme plus stressées, moins intelligentes, ont deux fois moins de chance d’être embauchées que les autres… Il s’agit donc d’une véritable stigmatisation, avec une image très négative.« Pour nous, cliniciens, il est donc important de ne pas considérer l’érythrose de la rosacée comme anodine, d’autant qu’il est maintenant possible de la traiter », conclut le Pr Misery.
* Communication présentée lors du symposium satellite Galderma dans le cadre des Journées dermatologiques de Paris
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