La France peut mieux faire. Environ 160 assistances circulatoires ont été implantées dans l’Hexagone en 2014 chez des patients en insuffisance cardiaque terminale. Un score « de queue de peloton » pour un pays à la pointe de l’innovation avec le cœur artificiel Carmat. « Les États-Unis et l’Allemagne en font presque dix fois plus, déplore le Dr Michel Kindo, chirurgien cardiaque au CHRU de Strasbourg. Il y a un gros retard en France sur les indications. Les systèmes sont assez mal connus et les cardiologues restent sur la réserve. À tort. Alors que l’espérance de vie d’un stade avancé est la même qu’un cancer du poumon ou du pancréas, les patients implantés récupèrent totalement, ou presque, de leur insuffisance cardiaque. ».
Différents systèmes d’assistance existent. « Les cœurs implantables peuvent être, soit totaux comme le Syncardia, soit monoventriculaires, comme le Heartmate 2 et le récent Heartware, explique le cardio-chirurgien strasbourgeois. À côté de ces cœurs implantables, il existe le Thoratec biventriculaire, qui est constitué de 4 tuyaux sortant de la poitrine et d’une console de taille d’un bagage cabine. Il est indiqué dans les situations gravissimes avec réanimation, mais les patients rentrent aussi à domicile ».
En attente d’une greffe
Le Syncardia, qui existe depuis une trentaine d’années, tire « sa force d’avoir demandé l’indication dite "bridge" en anglais, c’est-à-dire en attente d’une greffe cardiaque », estime le Pr Christian Latrémouille, chirurgien cardiaque à l’hôpital européen Georges Pompidou (HEGP) et membre de l’équipe Carmat. Le système est constitué du cœur artificiel, d’où sortent deux tuyaux le reliant à une console pneumatique portable. Implantés chez des sujets âgés de moins de 65 ans, les résultats sont bons, avec un recul maximum de plus de 3 ans pour l’un des patients.
Les petits systèmes d’assistance ventriculaire gauche, les turbines type Heartmate II et Heartware, sont en plein essor. « Ce sont les systèmes les plus implantés au monde, détaille le Dr Kindo. Ces turbines à flux continu intraventiculaires peuvent être implantées dans l’attente d’une greffe, ou d’une récupération du cœur en réanimation, mais aussi de façon programmée. Les systèmes sont très petits, les consoles sont portées à la ceinture avec une autonomie de 7 heures.Vous avez peut-être croisé des patients porteurs dans la rue sans ne vous être douté de rien ».
Des améliorations attendues
De nombreuses améliorations sont attendues. « Des modèles encore plus performants sont prévus pour 2015-2016, poursuit le Dr Kindo. Pour le Heartware, la pompe a la taille d’une pile A4. Les turbines qui vont arriver dans les 5 ans vont faciliter la pose de turbines dans les 2 cœurs, gauche et droit. Une quarantaine de patients sont implantés ainsi dans les 2 cœurs ». De plus, un système de transmission énergétique à travers la peau est à l’étude. « Le système Heartware est léger, commente le Pr Latrémouille. Ce qui devrait faciliter le fait d’arriver à faire descendre sa consommation en-dessous d’un seuil tolérable par la peau inférieur à 15-20 watts ».
De toutes ces alternatives à la greffe cardiaque, le cœur Carmat est le plus innovant. « Le design bioprothétique est unique, estime le Dr Kindo. Ce modèle permet d’espérer diminuer les complications à la fois thrombotiques et hémorragiques liées à la prothèse et à l’anticoagulation. Si cela s’avère effectivement possible, ce sera alors le seul système sans anticoagulation ». Contrairement au Syncardia, le fonctionnement de ce cœur total est électrique et silencieux. Le cœur Carmat, dont le réglage est sophistiqué, est conçu pour pouvoir être implanté de façon définitive.
Présentation Dr Michel Kindo, à Strasbourg, le 14 février 2015, lors de la « Journée du cœur 2015 » organisée par l’Alliance du Cœur
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024