Aspirine dans la maladie coronaire stable

Quel bénéfice en l’absence d’antécédents ischémique ?

Publié le 28/04/2014
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« L’aspirine est recommandée chez tous les coronariens stables sauf contre indication. Néanmoins, l’amplitude de son bénéfice en l’absence d’antécédents ischémiques – infarctus ou Accident vasculaire cérébral (AVC) embolique…- est mal connu. C’est ce qui nous a motivés à tester rétrospectivement l’impact de l’aspirine chez les coronariens stables sans antécédent ischémique et chez ceux ayant un tel antécédent, dans une base de données où l’usage du médicament, y compris en automédication, était bien documenté », explique A. Bavry (Université de Floride)

Le critère retenu combine mortalité totale, infarctus et AVC. L’analyse porte sur la base de données patients individuelles de l’étude randomisée INVEST menée entre 1997 et 2003 pour comparer deux stratégies antihypertensives (vérapamil +/- trandolapril versus aténolol +/-diurétique) chez 22 500 hypertendus coronariens âgés de plus de 50 ans. Stratégies qui ont fait jeu égal en terme tensionnel et de morbimortalité cardiaque*. Parmi ces coronariens hypertendus, à l’inclusion 13 000 n’ont pas d’antécédent ischémique, 9 500 en ont. L’analyse statistique, complexe, a pris en compte la variation de prise d’aspirine dans le temps (cox régression sur diverses fréquences de prise d’aspirine : au départ, jamais, rarement, fréquemment, tout le temps). La question avait en effet été renseignée à chaque visite de suivi dans cette étude clinique. Qu’en ressort-il ? « Chez les patients sans antécédent ischémique, la prise d’aspirine n’est pas associée à la réduction du critère primaire (décès/infarctus/AVC) à 2,7 ans de suivi (RR : 1,1 ; 0,97-1,28). En revanche, dans le groupe avec antécédent ischémique, la prise d’aspirine est significativement associée à une réduction du critère de la morbimortalité cardiovasculaire. Le risque relatif de décès, infarctus et AVC est réduit de 13 % à 2,7 ans (RR = 0,87 ; 0,77-0,99 ; p = 0,03), résume A Bavry. Ce travail comme toute analyse rétrospective a ses limites. Il relance toutefois la question du bien fondé du traitement antiagrégant systématique chez des coronariens stables sans antécédent ischémique ».

Bavry A A et coll. Is aspirin beneficial for all patients with chronic stable coronary artery disease ? ACC 2014

*JAMA. 2003;290:2805-16

Pascale Solère

Source : Le Quotidien du Médecin: 9322