Comment choisir entre prothèse standard ou prothèse à ancrage squelettique ? Une équipe hollandaise du département de rééducation du CHU de Nimègue clarifie le débat à la lumière d’une recherche clinique portant sur un peu plus de deux cents cas. Les résultats sont publiés dans Clinical Orthopaedics and Related Research.
Inspirées par les promoteurs des très populaires implants dentaires, eux-mêmes au départ chirurgiens orthopédistes, les prothèses à ancrage squelettique disposent d’une quille visant à une ostéo-intégration dans la diaphyse du moignon d’amputation. L’expérience de ces prothèses, qui s’est développée depuis une vingtaine d’années, inclut quelques incidents indésirables occasionnels. Il est donc important de mieux cerner le rapport bénéfice/risque de cette solution d’appareillage. L’intervention elle-même d’implantation du dispositif peut se faire soit en un, soit en deux temps selon l’abondance et la vitalité de la couverture cutanée de départ du moignon.
Des besoins de prothèses croissants
Les amputés du membre inférieur, quels qu’en puissent être l’étiologie et le niveau, nécessitent l’appareillage le plus propice à une récupération d’indépendance fonctionnelle adaptée à leurs attentes. Il s’agit d’une population en constante croissance à travers le monde, du fait des conflits armés et d’une accidentologie routière difficilement contrôlable.
Malgré les progrès accomplis au fil des décennies grâce à l’expérience des appareilleurs, les prothèses traditionnelles dites de contact (épousant parfaitement le moignon et répartissant au mieux les appuis et les pressions cutanées) déçoivent encore parfois. L’amputé fait occasionnellement part de douleurs, d’altérations cutanées chroniques, de difficultés de cicatrisation ou de problèmes mécaniques soit sur l’emboîture elle-même soit sur les pièces de liaison plus distales. De tels inconvénients n’ont pas tous été éliminés, malgré les améliorations récentes apportées par la conception assistée par ordinateur ; de ce fait la qualité de vie en résultant ( « health-related quality of life » HRQoL) peut s’en trouver négativement affectée.
Amélioration de la qualité de vie
La première évaluation des prothèses à ancrage squelettique a ainsi consisté à comparer l’éventuelle différence évolutive de qualité de vie à trois mois, six mois, un an et deux ans sur un amputé ayant eu au départ, une prothèse traditionnelle. Ensuite, il fallut apprécier, à ce délai de suivi de deux ans, les paramètres intervenus dans ce changement observé de qualité de vie. Toujours au terme de ce délai, il a été nécessaire de recenser les éventuelles complications survenues. Enfin il a été indispensable d’analyser les facteurs intervenus dans l’émergence de ces complications.
Dans cette récente étude, pour les deux tiers de ces amputés, il s’agissait d’amputations transfémorales et pour le tiers restant d’amputations transtibiales. La moitié de ces patients avait été prise en charge pour séquelles traumatiques, un cinquième pour insuffisance vasculaire, une dizaine de pour cent dans les suites d’une chirurgie oncologique, le restant pour causes diverses (infection, agénésie congénitale, etc.).
En prenant comme référence l’appareillage initial par prothèse traditionnelle, le recours à une prothèse à ancrage squelettique permet d’améliorer significativement la qualité de vie (HRQoL). Ce constat s’applique à une très vaste majorité de ces amputés au « bémol » près suivant : quelques complications de gravité mineure n’imposant pas de recours à une nouvelle intervention et d’exceptionnelles complications relevant d’une nouvelle chirurgie (descellement de l’ancrage, fracture…).
Au total, les prothèses d’amputation à ancrage squelettique, bien que toujours en phase de développement et d’optimisation, apportent aux patients une amélioration indéniable de leur qualité de vie, à condition de bien sélectionner les candidats à cette substitution de leur modalité d’appareillage.
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