Certaines maladies comme le cancer, les nécroses de la mâchoire consécutives à la radiothérapie, ou les traumatismes, imposent de reconstruire la mandibule.
Pour façonner un bas de mâchoire, les chirurgiens utilisent le péroné, prélevé avec son artère et sa veine puis remodelé et fixé dans la bouche du patient. L’artère et la veine sont suturées aux vaisseaux dans le cou afin de revasculariser l’os. Pendant l’intervention, le retrait de l’os malade et le remplacement par un morceau d’os prélevé dans la jambe se font simultanément. C’est une opération complexe, qui doit être réalisée rapidement afin d'éviter une ischémie trop longue des vaisseaux. Auparavant, le chirurgien travaillait sans guides et il perdait beaucoup de temps à assembler dans la bouche les morceaux de péroné et à les remodeler pour obtenir la forme voulue. « Désormais, grâce à la modélisation et à l’impression 3D, nous pouvons obtenir une image du côté atteint de la mâchoire à partir du côté sain », explique le Dr Carine Fuchsmann, chef de service adjointe du service d’ORL et chirurgie cervico-faciale de l’hôpital de la Croix Rousse.
Une reconstruction précise et reproductible
Une planification virtuelle est en effet réalisée à partir d’images scanner du visage et des membres inférieurs. Elle comprend une modélisation virtuelle de la mandibule et du péroné. Le logiciel calcule automatiquement les angles et la forme des coupes à réaliser au niveau du péroné pour obtenir la conformation souhaitée. Il peut ensuite simuler les lieux d’implantation des morceaux d’os et modéliser la reconstruction. « Des guides de coupe en polyamide nous sont fournis, à visser directement sur le péroné à un endroit précis, détaille le Dr Fuchsmann. Ils permettent de guider les coupes osseuses et de préforer les trous qui doivent fixer le péroné à l’aide de plaques en titane sur mesure, imprimées en 3D. L’assemblage de la mâchoire ne dure plus que 30 minutes au lieu de deux heures ». Outre ce gain de temps, cette nouvelle technique présente plusieurs avantages. « Nous sommes passés d’une technique artisanale approximative à une reconstruction précise et reproductible », apprécie le Dr Fuchsmann.
De plus, « le résultat esthétique et fonctionnel est meilleur ». Enfin, elle assure une simplification permettant d’envisager des reconstructions plus compliquées et plus ambitieuses. Une quinzaine de patients ont d’ores et déjà bénéficié de cette technique depuis 2015. C’est le cas de Rosa Brun, une patiente de 71 ans, atteinte d’un cancer en 2012. « J’ai eu une nécrose de la mâchoire un an et demi après la dernière séance de radiothérapie, raconte-t-elle. J’avais très mal, je ne pouvais pas manger et je perdais mes dents. J’ai été opérée le 8 septembre 2017 pour une ostéonécrose mandibulaire. J’avais un peu peur de l’opération parce que je ne connaissais pas cette méthode, mais désormais je ne souffre plus. Il m’a fallu 3 à 4 mois pour retrouver une vie normale, mais maintenant je peux parler et manger comme avant ! »
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