« Nous avons monté ce projet de Réhabilitation améliorée après chirurgie (RAAC) au mois de juin 2018, en partant d’un constat : dans notre structure, les patients qui ont une intervention chirurgicale majeure, thoracique ou digestive, retournent en service assez tard dans la journée et ils n’ont souvent plus de kinésithérapeute à leur arrivée » explique le Dr Laurent Zieleskiewicz, anesthésiste-réanimateur à l’hôpital Nord de Marseille.
Ils ne bénéficient donc pas d’exercices de kinésithérapie respiratoire pour tousser et ils risquent donc de s’encombrer, d’autant plus que tousser leur fait mal. Le risque est le développement de pneumonies parce qu’ils ne toussent pas et n’inspirent pas correctement. « Dans le cadre de ces chirurgies majeures, à fort risque de complications respiratoires, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre 24 heures sur la kinésithérapie respiratoire », estime-t-il. Afin de remédier à ce problème, l’hôpital a introduit la Réhabilitation améliorée après chirurgie (RAAC) dès la salle de réveil.
Pour ce faire, le département d’anesthésie-réanimation du Pr Marc Leone collabore avec les services de chirurgie thoracique du Pr Pascal Thomas et avec les équipes de chirurgie générale et digestive du Pr Stéphane Berdah. Pour mettre en place la RAAC, il faut impérativement impliquer le patient dans le processus. Avant l’opération, il est préparé psychologiquement, la procédure lui est présentée à l’avance et il sait ce qu’il l’attend. « Nous lui disons qu’après l’opération il va se retrouver dans une salle de réveil, pas de sommeil, et qu’il a un rôle important dans sa guérison. Plus le patient marche, plus il se réveille et plus il est en forme », indique le Dr Zieleskiewicz. Lors de l’opération, les chirurgiens utilisent la chirurgie mini-invasive afin de réduire au maximum les cicatrices. Et en post-opératoire, le patient est sollicité très rapidement avec un travail sur la mobilité et la respiration.
500 patients accompagnés
« Dès que les patients se réveillent, nous, anesthésistes-réanimateurs, leur faisons faire de la kinésithérapie respiratoire. Nous leur montrons comment tousser sans se faire mal, en croisant les bras sur le thorax et nous les faisons inspirer dans une machine avec une petite boule à l’intérieur : ils doivent maintenir la boule à un certain niveau », détaille le Dr Zieleskiewicz. Pour ce faire, les anesthésistes sont formés à la kinésithérapie pour les 12 premières heures suivant l’opération. « Nous les faisons également boire et, au lieu de les laisser allongés, nous les aidons à déambuler. Parfois, nous les aidons même à retourner à pied dans leur chambre, avec leur péridurale ou leur drain thoracique ! Cela semblait impossible de faire lever le patient une heure après une chirurgie et pourtant nous le faisons. Nous avons même un patient de 85 ans qui a fait 250 mètres pour retourner à pied à sa chambre ! ». Le service s’est doté de drains portatifs permettant au patient de marcher dans un large périmètre. La renutrition est également beaucoup plus rapide, avec une alimentation entérale dès le lendemain de l’intervention, contre 8 à 10 jours auparavant pour une opération de type oesophagectomie.
Actuellement, environ 500 patients ont été accompagnés dans ce parcours de soins. « Nous n’avons eu aucune complication, assure le Dr Zieleskiewicz. Les objectifs de la RAAC à J0 sont atteints chez tous les patients, c’est-à-dire les faire boire, au minimum, voire manger, les lever et les faire marcher au moins 100 m et leur faire faire une éducation de kinésithérapie respiratoire ».
Et les premiers résultats sont encourageants. « Plus de 80 % des patients ont réussi se lever dès la salle de réveil. Ils ont eu à boire et des exercices de kinésithérapie respiratoire. Environ 20 % des patients n’ont pas pu marcher. Nous n’avons pas encore les résultats des études sur la durée de séjour des patients mais nous avons une première tendance : il s’avère que la durée de séjour diminue, observe le Dr Zieleskiewicz. De plus, nous n’avons eu aucune complication et aucune chute depuis que nous pratiquons la RAAC. Cet été, nous devrions avoir des statistiques pour analyser l’évolution de la récupération des patients depuis la mise en place de la RAAC dans notre service », prévoit-il.
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