QUATRE HEURES pour un cur ou un poumon : après le prélèvement, il faut faire vite. Que se passe-t-il quand les avions sont cloués au sol ? L’Agence de la biomédecine, qui organise l’activité de prélèvement et de greffe, a déjà été confrontée au problème, à la suite de tempêtes de neige, par exemple, et a mis en place une procédure pour éviter la perte de greffon, dans les transports interrégionaux, voire internationaux.
L’activité de greffe interpays n’est pas numériquement importante. En 2008*, le nombre d'organes échangés entre la France et ses voisins européens est resté faible : importation de 6 greffons (2 coeurs, 3 poumons et un coeur-poumon) et exportation de 19 greffons (2 reins, 9 foies, 4 coeurs, 2 poumons et 2 pancréas). Il y a chaque jour au moins 8 000 personnes en attente de greffe dans notre pays et il est donc exceptionnel de ne pas y trouver de receveur compatible. Ainsi, dimanche à minuit, l’Agence de la biomédecine comptait 313 personnes en attente de cur, 210 en attente de poumon ou de cur-poumon, 868 de foie et 7 771 de rein.
Un tiers des greffons thoraciques.
Les reins, avec une durée limite d’ischémie de 24 à 36 heures, sont transportés par la route ou le train. Le foie (12 heures environ) par la route et, pour les longues distances d’une région à une autre, par avion. Pour le cur et le poumon (4 heures, donc), l’avion est souvent nécessaire, l’hélicoptère n’étant pas une solution raisonnable en vol de nuit (le moment où ont souvent lieu les prélèvements). En période habituelle, de 30 à 40 % des transports de greffons thoraciques se font par avion. Dans la nuit de jeudi dernier à vendredi, quand les vols ont commencé à être supprimés, les modes de répartition interrégionale ont été modifiés. Le premier principe de répartition est celui de l’équité, rappelle-t-on à l’Agence, le deuxième est celui de ne pas perdre de greffon. Les équipes se sont mobilisées en conséquence, pour être présentes là où il fallait et chacun y a mis du sien pour qu’il n’y ait ni perte de greffon, ni perte de chance pour les malades.
Lundi, certains avions utilisés pour les transports sanitaires ont été autorisés à nouveau à voler. Utilisés par certaines des compagnies privées chargées de ces transports, des turbopropulseurs à hélice ont pu décoller : ils volent moins haut que les longs courriers et n’encourent donc pas les mêmes risques avec le nuage de cendres volcaniques.
L’an dernier, 4 580 greffes ont été réalisées en France (y compris venant de donneurs vivants), dont 359 greffes de cur, 21 de cur-poumon et 231 de poumon. Sur 3 081 sujets en état de mort encéphalique, un peu moins de la moitié (1 481) ont pu être prélevés, une opposition au prélèvement ayant été exprimée dans 32 % des cas.
* Rapport annuel 2008 de l'Agence de la Biomédecine
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