C’EST À une double question qu’ont voulu répondre des spécialistes de la transplantation rénale britannique. La première portait sur le devenir des patients qui avait été transplantés avec un rein prélevé sur un donneur à cœur non battant. La seconde était d’identifier les facteurs influant sur le succès ou l’échec de ce type de greffe. Dominic M. Summers (Cambridge) et coll. montrent, grâce à une analyse rétrospective, que les taux de survie et de complications ne diffèrent pas de ceux des transplantations avec un rein prélevé sur un donneur à cœur battant. Les données de cette analyse leur ont aussi permis de préciser les éléments clés de cette réussite.
Comme l’expliquent les médecins britanniques, au cours de la dernière décennie, la transplantation rénale à partir d’un donneur à cœur non battant a connu une incidence croissante, passant de 3 % en 2000 à 32 % en 2009. Essentiellement en raison de la chute du nombre de donneurs à cœur battant (meilleures prises en charge). Est considéré comme donneur à cœur non battant, un sujet victime d’une lésion cérébrale irréversible et qui ne satisfait pas aux critères de mort cérébrale ; le décès est attesté par l’arrêt des fonctions cardio-respiratoires après décision d’arrêt de la réanimation.
Le travail a porté sur le registre britannique des transplantations. Les auteurs ont sélectionné des donneurs de reins décédés et leurs receveurs respectifs (de 18 ans au moins). Les interventions avaient été réalisées entre janvier 2000 et décembre 2007. À partir des chiffres de 23 centres, 9 134 transplantations rénales ont été recensées issues de 8 289 donneurs en état de mort cérébrale et 845 à cœur non battant. Les statistiques sont les suivantes. En ce qui concerne une première greffe rénale, il n’existe pas de différence de survie ou de fonctionnement du greffon à 5 ans parmi les receveurs d’un rein provenant d’un donneur à cœur non battant (739) ou à cœur battant (6 759).
L’âge du donneur.
Quant aux variables associées au succès, il s’agit tout d’abord de l’âge du donneur et du receveur. Il est en effet connu que plus les sujets vieillissent moins bons sont les résultats. Ensuite, une durée d’ischémie froide de moins de 12 heures est fortement associée à la survie du greffon. Mais, les auteurs remarquent que d’autres facteurs généralement pris en compte n’affectent pas la réussite. Il s’agit de l’incompatibilité HLA, sur laquelle l’équipe constate qu’elle est bien tolérée chez les plus âgés, mais qu’elle devrait être évitée chez les plus jeunes. Enfin, la durée d’ischémie chaude et la sensibilisation du receveur n’influent pas sur le devenir.
Afin d’être en harmonie avec les autres études, les auteurs ont fixé à 5 ans comme durée de suivi. Mais chez ceux qui ont dépassé ce seuil, il n’existe toujours pas de différence en fonction de l’état du donneur. Le suivi à 10 ans sera d’un grand intérêt, expliquent-ils, ajoutant qu’il n’y a aucune raison pour que surviennent des disparités entre les deux groupes.
Lancet, vol 376, pp. 1303-1311.
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