Chaque année, en France, on dénombre 50 000 nouveaux cas de cancer du sein : 20 000 font l’objet d’une mammectomie et seulement 25 % sont suivis d’une reconstruction mammaire. Parmi les solutions proposées, avec ou sans prothèse, la greffe autologue de graisse est la moins utilisée. L’aspect du sein reconstruit est plus naturel, l’apparence des cicatrices et la régénération tissulaire après radiothérapie améliorées. Toutefois, la technique reste controversée, certains mettant en avant un risque accru de récidive du cancer.
587 femmes suivies pendant 5 ans
Ce risque est-il avéré ? C’est ce qu’une équipe néerlandaise a cherché à savoir en suivant 587 femmes pendant 5 ans. Elle ne met en évidence aucune différence significative de récurrence du cancer entre les patients ayant reçu un transfert autologue de graisse et celles ayant eu recours à une autre technique. Une étude parue dans « JAMA Oncology »
René van der Hulst et de ses collègues du Centre médical de l’université de Maastricht et de l’hôpital Tergooi d’Hilversum, aux Pays-Bas, ont examiné rétrospectivement les données de 287 patientes ayant reçu un diagnostic confirmé de cancer du sein. Celles-ci ont subi une greffe autologue de graisse entre janvier 2006 et août 2014. Le critère d’exclusion était l’absence de cancer primaire du sein, une récurrence loco-régionale ou des données histopathologiques ou oncologiques manquantes. Le groupe contrôle était constitué de patientes traitées pour un cancer du sein sur la même période.
Pas de différence significative
Sur les 287 patientes suivies après greffe autologue de graisse, 13 avaient développé une tumeur primaire dans l’autre sein et reçu une seconde greffe autologue de graisse. Chacun de ces 300 cas a été apparié avec un cas contrôle sur 4 critères seulement, et c’est une limite de l’étude : l’âge, le type de chirurgie, l’extension de la tumeur et le stade de la maladie.
Les patientes ont été suivies en moyenne 5 ans dans le groupe d’intervention et 4,4 ans dans le groupe contrôle. Huit récurrences locorégionales ont été observées dans le groupe greffées et 11 dans le groupe contrôle. Autrement dit, il n’y a pas de différence significative entre les patientes ayant reçu une greffe autologue de graisse et les autres, « il n'y a pas d’évidence clinique d'une augmentation du risque de rechute cancéreuse », note l'équipe.
Les auteurs se montrent toutefois très prudents. L’étude de cohorte est rétrospective et les critères d’appariement sont peu nombreux. En outre, la physiopathologie de la rechute est multifactorielle et dépend de nombreux facteurs, tels que l’âge d’occurrence de la maladie, les caractéristiques morphologiques de la tumeur, le traitement réalisé… Autant d’éléments qui devraient être pris en compte dans des études ultérieures.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024