Depuis le 14 mars, Epione est opérationnel au cœur du bloc de radiologie interventionnelle de l’Institut Paoli-Calmettes (IPC) à Marseille. Cette plateforme ultra-innovante combinant robotique et intelligence artificielle permet de détruire les tumeurs abdominales et pulmonaires en guidant l’insertion des aiguilles à travers la peau. Plus de quatre millions de nouveaux cas de cancer de l’abdomen et du poumon sont diagnostiqués chaque année dans le monde. La société Quantum Surgical, basée à Montpellier, a vendu son premier robot aux États-Unis en décembre 2023. L’IPC est ainsi le quatrième centre au monde à proposer ce traitement mini-invasif à ses patients, après l’hôpital Baptist Health de Miami, l’Institut Gustave-Roussy à Villejuif et les Hospices civils de Lyon.
Ce virage technique et technologique n’est pas totalement nouveau à l’IPC. « Les patients bénéficient de ces techniques d’ablation percutanée pour traiter les tumeurs de petite taille par le chaud (micro-onde) ou par le froid (cryothérapie) depuis plus de dix ans », souligne le Dr Gilles Piana, chef du département d’imagerie médicale de l’IPC. Ces traitements sont réalisés au sein d’une unité dédiée composée de trois salles de bloc avec deux scanners interventionnels et une table d’angiographie.
Traiter de petites tumeurs localisées
« L’avènement de la robotique en radiologie interventionnelle permettra de rendre ces gestes encore plus sûrs et plus précis, se réjouit le Dr Piana. Epione permet de traiter des tumeurs difficiles d’accès, sur lesquelles seuls quelques experts peuvent intervenir. Grâce au robot, ces traitements peu invasifs vont être standardisés, nous allons ainsi apporter ce traitement curatif à de plus nombreux patients. »
Les champs d’application sont vastes. « On intervient le plus souvent sur des petites tumeurs de moins de trois centimètres, au niveau du foie, du rein ou du poumon, explique le Dr Gilles Piana. Ces soins peuvent être réalisés en ambulatoire, avec des suites d’opération très légères. Plus rarement on peut traiter des tumeurs plus volumineuses chez des patients très fragiles dont l’état de santé n’est pas compatible avec une chirurgie. »
« On réalise aussi des actes de cimentoplastie : pour améliorer la qualité de vie de patients à un stade avancé, avec des atteintes osseuses, on injecte de la résine biologique pour consolider les os fracturés au niveau des vertèbres ou du bassin, complète le médecin. Ces gestes de consolidation osseuse se développent de plus en plus chez nous et ailleurs, en parallèle des traitements médicamenteux et de la radiothérapie, parce que ça soulage le patient rapidement au prix d'un geste relativement léger. »
Ces approches se déclinent aussi via l’ostéosynthèse. « On place des vis dans le bassin du patient, on est à la frontière entre la chirurgie et l’imagerie, souligne le Dr Piana. Les indications sont retenues conjointement avec nos collègues orthopédistes. Le guidage nous permet de mettre une vis à travers la peau sur un os très fragilisé par une métastase, pour stabiliser la fracture et soulager le patient. »
Développer des traitements innovants
Enfin, troisième famille de traitement, la radio-embolisation. « Cette technique, que nous avons beaucoup développée, vise à aller déposer une dose radioactive très forte directement dans la tumeur, détaille le radiologue. Ce sont des patients souvent atteints de cancer du foie, que l'on ne pourrait pas opérer facilement parce que la tumeur est un peu trop volumineuse. Sous échographie, à partir de l’artère radiale au niveau du poignet, un cathéter est inséré et radioguidé jusqu’au foie, pour atteindre très précisément le vaisseau de la tumeur. »
À ce jour, dans le monde, plus de 400 patients ont bénéficié de cette plateforme robotique depuis sa première mise sur le marché en décembre 2023. L’IPC, qui a déjà opéré cinq patients, espère en vitesse de croisière arriver à une centaine d’interventions par an. « Ces outils représentent un investissement important, mais leurs bénéfices, tant en termes de santé que de coûts sur le long terme, sont majeurs », s’enthousiasme le Dr Gilles Piana. Les enjeux aujourd’hui : déployer l’IA, former les prochaines générations et démocratiser l’accès.
Le 27 mars, le fabricant français de robots médicaux Quantum a annoncé avoir obtenu un prêt de 30 millions d’euros de la part de la Banque européenne d’investissement (BEI). Une nouvelle qui devrait accélérer la commercialisation de cette technologie à l’échelle mondiale.
Pour en savoir plus : Rendez-vous à la Conférence européenne sur la radiologie interventionnelle (ECIO) qui aura lieu du 28 avril au 1er mai à Majorque (Espagne).
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024