La Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) a dévoilé ce mercredi une cartographie médicalisée des dépenses qui détaille le poids respectif des pathologies, traitements et évènements de santé. Principal enseignement : les dépenses de santé des bénéficiaires du régime général ont bondi de 10,2 milliards d'euros entre 2012 et 2015.
L'assurance-maladie a scruté – poste par poste – l'évolution des dépenses remboursées pendant ces quatre années à quelque 57 millions de bénéficiaires du régime général (80 % des assurés). Cette analyse a été réalisée en amont du traditionnel rapport annuel « charges et produits », attendu début juillet, chargé d'aiguiller le gouvernement sur de potentielles pistes d'économies applicables dans le prochain budget de la Sécu.
En 2015, plus d'un assuré sur deux (31 millions) a bénéficié de remboursement pour des soins courants (hors pathologies chroniques, traitements, maternité, hospitalisations). Le graphique ci-dessous illustre le poids respectif des pathologies et traitements en termes d'effectifs.
• Davantage d'hospitalisations ponctuelles
Les dépenses d'hospitalisations ponctuelles ont progressé de 2,1 milliards d'euros entre 2012 et 2015. Ce poste est le plus important puisque sur les 133,6 milliards d'euros de dépenses remboursées (régime général), plus de 30 milliards portent sur ces hospitalisations qui ne relèvent pas du suivi de pathologies chroniques. L'assurance-maladie observe un recours croissant à ces hospitalisations, avec 335 000 personnes supplémentaires en quatre ans. À noter que le coût moyen d'une hospitalisation ponctuelle est de 4 000 euros par patient.
• Le coût croissant des maladies mentales
« Nous avons été surpris du poids des pathologies en lien avec la santé mentale, explique Christelle Gastaldi-Ménager, du département des études sur les pathologies et les patients à la CNAM. Nous ne nous attendions pas à ce que les dépenses remboursées pour ces pathologies (maladies psychiatriques et psychotropes) atteignent 19 milliards d'euros » en 2015, soit une hausse de 2,3 % par an depuis 2012. Plus de 7 millions de personnes sont aujourd'hui concernées. La CNAM observe que les femmes « recourent plus tôt et plus souvent » que les hommes aux traitements psychotropes.
• Toujours plus de cancers
Les dépenses pour le traitement des cancers (2,5 millions de personnes) continuent de progresser (14,1 milliards d'euros en 2015, +1,5 milliard en 4 ans). Le taux de croissance annuel moyen dynamique des dépenses (4 %) est davantage liée à l'évolution du coût des nouveaux traitements (+3,1 %) qu'à l'accroissement des effectifs (+0,9 %). Le coût moyen d'un cancer en phase active est de 11 400 euros par an et par patient.
Les maladies cardioneurovasculaires, qui touchent 3,8 millions de personnes, représentent également un poste en croissance avec 13,2 milliards de dépenses en 2015 (et 332 000 patients supplémentaires en quatre ans).
• Et en 2020 ?
S'appuyant sur les projections démographiques de l'INSEE, et en extrapolant la fréquence des pathologies observées, la CNAM fait l'hypothèse que, d'ici à 2020, 580 000 personnes supplémentaires auront au moins une pathologie, un traitement au long cours ou une hospitalisation ponctuelle. Le nombre de patients atteints de diabète augmenterait de 12 %. Les maladies inflammatoires, rares (ou VIH) devraient toucher 20 % de patients supplémentaires d'ici à 2020. « Ces chiffres montrent que la tension persiste sur le système de santé, analyse le Pr Luc Barret, médecin conseil à la CNAM. On voit les défis qui nous attendent sur plusieurs pathologies. »
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