Le Lancet a publié un numéro entièrement consacré à la santé aux États-Unis (1). Les données montrent que l’allongement de l’espérance de vie y stagne, comparé avec d’autres pays comme la Grande-Bretagne. Les gains se tassent, pour atteindre un plateau ou une décroissance dans la quasi-totalité des groupes sociaux et ethniques à l’horizon 2050. En cause : drogue, opioïdes, violence mais, avant tout, l’obésité.
Dans le détail, l’espérance de vie aux États-Unis ne devrait très peu croître jusqu’à 2035 pour atteindre au mieux un plateau en 2050 et ce, pour les deux sexes. Son classement mondial devrait ainsi régresser entre 2022 et 2050, de la 49e à la 66e place sur 204 pays, soit moins bien que plusieurs autres pays à revenus élevés ou moyens, et 4,7 ans de moins qu’en Grande Bretagne.
Bien plus préoccupant, les plus jeunes générations, nées entre 2010 et 2020, devraient en faire les frais, avec un effondrement de 5 à 20 années de vie perdues, soit une espérance de vie de 62 à 72 ans. De nouveau, ces données concernent tous les groupes ethniques et sociaux, exceptés les Asiatiques qui échappent largement à cette baisse.
L’obésité dans le viseur
Les auteurs dénoncent ainsi une « une crise de santé publique d’une ampleur incommensurable » (2), portée par la croissance de l’incidence des états de surpoids et d’obésité souvent majeurs.
En 2021, on estime qu’environ 15,1 millions d’enfants et de jeunes adolescents (âgés de 5 à 14 ans), 21,4 millions d’adolescents plus âgés (de 15 à 24 ans) et 172 millions d’adultes (âgés de ≥ 25 ans) étaient en surpoids ou obèses aux États-Unis. Désormais, dans certains états, on dénombre plus de personnes en situation d’obésité qu’en surpoids.
Entre 1990 et 2021, la prévalence de l’obésité a augmenté de 158,4 [123,9 à 197,4] % chez les adolescents (15-24) de sexe masculin et de 185,9 [139,4 à 237,1] chez leurs consœurs. Chez les adultes, ces chiffres étaient de + 123,6 [112,4–136,4] % chez les hommes et de 99,9 [88,8–111,1] % chez les femmes.
D’ici à 2050, le nombre total d’enfants et d’adolescents en surpoids et obèses atteindra environ 43,1 millions et le nombre total d’adultes en surpoids et obèses 213 millions. Dans la plupart des États américains, un adolescent (15-24 ans) sur trois et deux adultes (≥ 25 ans) sur trois souffrira d’obésité (3). En somme, un Tsunami dont la vague est loin de s’apaiser, si on considère l’incidence croissante de l’obésité des jeunes et des adultes dans tous les pays, dont le nôtre.
Une catastrophe inarrêtable ?
Face à un tel constat, la mise à disposition de traitements tant attendus et si efficaces, incrétines, bi ou triagonistes, semble bien dérisoire. La progression de l’obésité et des diabètes submerge le monde et ne semble pas pouvoir être arrêté, d’autant que la propension à la rechute des états d’obésité repose sur des bases épigénétiques, que j’ai évoquées le mois dernier.
Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes
(1) Sebert S. The obesity crisis in the USA : why are there no signs of plateauing yet? Lancet. 2024 Dec 7;404(10469):2241-2242
(2) Dwyer-Lindgren L et al. Ten Americas: a systematic analysis of life expectancy disparities in the États-Unis. Lancet. 2024 Dec 7;404(10469):2299-313
(3) GBD 2021 US Obesity Forecasting Collaborators. National-level and state-level prevalence of overweight and obesity among children, adolescents, and adults in the USA, 1990-2021, and forecasts up to 2050. Lancet. 2024 Dec 7;404(10469):2278-98
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