Diabète insulino-dépendant

L’hypothèse virale écartée

Publié le 13/05/2013
Article réservé aux abonnés
1368453176431710_IMG_104788_HR.jpg

1368453176431710_IMG_104788_HR.jpg
Crédit photo : S TOUBON

1368453178431773_IMG_104799_HR.jpg

1368453178431773_IMG_104799_HR.jpg

› DE NOTRE CORRESPONDANT

L’EXPRESSION CLINIQUE du DID est précédée par une phase pré-clinique, caractérisée par une activation du système immunitaire contre les cellules d’îlots. Cette phase est généralement de plusieurs années. Chez certains enfants cependant, on observe un délai de seulement quelques mois entre la détection d’auto-anticorps anti-îlots et l’apparition de l’hyperglycémie. Des études ont cherché à comprendre le mécanisme de cette évolution accélérée. Les infections virales (en particulier à entérovirus) ont été incriminées mais sans que l’hypothèse ne fasse consensus.

L’équipe internationale de H.S. Lee (Etats Unis, Finlande, Allemagne, Suède) a sélectionné, parmi les enfants de la cohorte TEDDY (The Environmental Determinants of Diabetes in the Young), ceux qui ont développé un DID dans les 6 mois suivant la détection des auto-anticorps anti-îlots, et ils les ont appariés à des enfants contrôles. Deux investigations ont été conduites : l’une avec un séquençage réalisé avant l’auto-immunité anti-cellules bêta et au moment de l’apparition des auto-anticorps chez 14 patients (et 14 contrôles) ; l’autre a consisté à retracer l’histoire infectieuse de 24 patients (72 contrôles).

Le séquençage a détecté une présence virale dans seulement 6 (11 %) des 56 échantillons plasmatiques, chez 4 enfants : un patient (rhinovirus C humain), et trois contrôles (herpès virus humain type 6, parvovirus humain B19, virus GBV-C). Quant à l’histoire infectieuse, elle révèle que la proportion de patients ayant eu un épisode infectieux est similaire à ce qu’on observe chez les contrôles, que ce soit avant la détection d’anticorps anti-îlots (75 % vs 74 %), durant la séroconversion (71 % vs 72 %) ou ultérieurement (71 % VS 67 %). Les auteurs font aussi une découverte étonnante : une moindre fréquence d’épisodes fébriles chez les patients que chez les contrôles, observée à la séroconversion (p = 0,030) et après (p = 0,033), mais non dans la période précédant l’apparition d’anticorps anti-îlots.

La méthode de séquençage utilisée dans TEDDY, bien qu’extrêmement fine, n’a donc pas détecté d’agent viral au moment de la séroconversion plus souvent chez les enfants développant ultérieurement un DID que chez les contrôles. Les auteurs restent prudents : leur investigation ne permet pas d’exclure la possibilité de l’intervention d’un virus causal avant l’âge de six mois, virus qui ne serait plus détectable dans le plasma au cours des mois précédant l’apparition des auto-anticorps anti-îlots.

Ajoutons que les échantillons plasmatiques ont été recueillis tous les trois mois jusqu’à l’âge de 4 ans. On ne peut donc pas non plus être certain que cet intervalle entre chaque prélèvement n’est pas trop court pour permettre l’identification de toutes les infections systémiques. En revanche, la découverte d’épisodes fébriles moins fréquents chez les patients que chez les enfants contrôles ne manque pas d’intérêt : l’éventualité d’un rôle protecteur de l’hyperthermie (au travers d’une élimination plus efficace du virus) gagnerait à être confirmée par des études de plus grande ampleur.

H.-S. Lee et coll. Next-generation sequencing for viruses in children with rapid-onset type 1 diabetes. Diabetologia (2013). Publié en ligne.

 Dr BERNARD GOLFIER

Source : Le Quotidien du Médecin: 9241