Que peut apporter de plus, par rapport à l’automesure glycémique avec un lecteur glycémique conventionnel, le recours à la mesure continue du glucose (MCG temps réel) chez des sujets avec diabète de type 2 (DT2) traités par une insuline basale sans ajout de bolus de rapide ?
C’est ce qu’a cherché à déterminer ce travail (1) comparant des patients DT2 randomisés pour une autosurveillance de la glycémie (ASG) ou la MCG pendant 8 mois. À l’issue de cette période, le groupe ASG a poursuivi encore 6 mois supplémentaires (n = 57), tandis que le groupe MCG a été de nouveau randomisé pour continuer ce suivi (n = 53) ou l’interrompre et reprendre l’ASG (n = 53).
Résultat, le groupe sous MCG a vu son temps dans la cible glycémique (TIR [70-180] mg/dL) très augmenté après 8 mois de capteur, de 38 % à 62 %. Mais, lorsque ce suivi est interrompu, le TIR diminue de moitié après 6 mois d’arrêt (soit au 14e mois d’étude) ; les patients qui ont poursuivi la MCG maintiennent en revanche leur TIR au 14e mois. On peut donc en conclure que, chez des adultes avec DT2 sous insuline basale seule et utilisant un MCG temps réel, le retour à l’ASG fait perdre la moitié du temps passé dans la cible glycémique.
Un outil d’autoéducation
Le recours au MCG temps réel a largement fait la preuve de ses multiples bénéfices chez les sujets avec DT1 ou avec DT2 sous insulinothérapie intensifiée multi-injections (basal/bolus) ou encore sous pompe à insuline, avec une diminution du temps passé en hypo- et en hyperglycémie (> 250 mg/dL).
Une étude précédente, Mobile, avait montré les bénéfices du MCG vs, ASG dans le DT2 sous seule insuline basale (l’HbA1c était passée de 9,1 à 8 % sous MCG, vs. de 9 à 8,4 % sous ASG) mais la durabilité de ces bénéfices n’était pas démontrée, ni la véritable imputabilité des bons résultats au MCG.
De façon assez surprenante, cette étude confirme que le MCG apporte un réel bénéfice aux DT2 sous basale seule, alors que ces sujets ne peuvent que faire varier leur dose quotidienne d’insuline.
Il s’avère que les informations glycémiques, qui parviennent au sujet tout au cours de la journée grâce au MCG temps réel, ont bien un impact sur le comportement du patient (effets de l’alimentation, de l’exercice physique, stress divers etc.). Elles aboutissent à le ramener les deux tiers du temps dans la cible, alors que seules les doses de l’insuline basale sont modifiables sans aucun autre ajustement médicamenteux possible (médicament ou insuline rapide). Une force de plus des capteurs du glucose qui fournissent un rendu continu des valeurs au patient.
Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes
(1) Grazzia Alepo et col. The effect of discontinuing continuous glucose monitoring in adults with type 2 diabetes treated with basal insulin. Diabetes Care 2021;44:2729–2737
https://doi.org/10.2337/dc21-1304
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024