L'activité physique régulière permet de diminuer les risques de complications du diabète. « Un patient qui pratique une activité physique régulière peut espérer une diminution de 0,5 % de son hémoglobine glyquée (HbA1c). C'est exactement l'effet escompté de certains médicaments récents. Cela signifie, ainsi, qu'une activité physique régulière peut produire le même effet sur le plan glycémique que des médicaments de dernière génération », souligne le Dr Saïd Bekka, endocrinologue-diabétologue à Chartres. Outre sa puissance d'action sur l'HbA1c, l'activité physique régulière a un effet sur les principaux éléments sources de pathologies cardiovasculaires : elle diminue l'insulinorésistance, la tension artérielle et augmente le HDL cholestérol.
Associer la régularité à une durée et une intensité minimales
Beaucoup de diabétiques ne souhaitent ou ne peuvent se remettre au sport, compte tenu de leur état de santé et des comorbidités liées à l'âge. « Il faut bien préciser au patient que l'activité physique n'est pas forcément liée à la pratique d'un sport. Il s'agit, tout simplement, de « se bouger » plus que d'habitude (marche, jardinage, usage des escaliers…) », rappelle le Dr Bekka. Pour être efficace, l'activité physique doit être réalisée au moins 3 fois par semaine. Outre la régularité, l'intensité et la durée de l'activité physique sont également des paramètres importants. « Plus l'activité physique est intense, plus le patient peut réduire le temps qu'il y consacre. Néanmoins, dans l'idéal, chaque séance d'activité physique doit durer entre 45 minutes et 1 heure minimum », ajoute le Dr Bekka.
Pendant longtemps, les praticiens ont conseillé à leurs patients diabétiques de ne pratiquer que des activités aérobiques (marche, vélo, natation). « On sait, aujourd'hui, que d'autres activités physiques et sports sont tout aussi bénéfiques pour les diabétiques. Les études suggèrent notamment de mixer plusieurs types d'activité physique : par exemple, renforcement musculaire et endurance. Si le bilan médical − et, notamment, cardiovasculaire − est normal, aucun sport ne doit être interdit aux diabétiques », confie le Dr Bekka.
Vers le sport sur ordonnance…
Pour mettre ou remettre les patients au sport, il convient, tout d'abord, de demander aux patients s'ils connaissent les bénéfices de l'activité physique pour l'évolution de leur diabète. Les patients sont souvent au courant de ses effets sur l'HbA1c, sur l'état général et la tension artérielle, mais ils méconnaissent son action sur l'état mental. « L'effet de l'activité physique sur le psychisme des patients est primordial. Nous savons, en effet, que la moitié des personnes atteintes de diabète de type 2 sont dépressives ou ont un terrain anxieux », précise le Dr Bekka.
Le patient doit également choisir l'activité physique qui lui convient le mieux. « Lorsque le patient soumet lui-même au médecin l'activité physique qu'il souhaite entreprendre, il y a davantage de chance pour que celle-ci se pérennise dans le temps », assure le Dr Bekka. Enfin, l'activité physique n'est possible que lorsque le patient en a les capacités. Un bilan complet réalisé par le diabétologue, le cardiologue et l'ophtalmologue permettent de préciser ce point. « Outre les conseils du médecin en terme d'éducation thérapeutique, les diabétiques pourront très prochainement bénéficier de séances de coaching sportif prescrites par le praticien et remboursées par la sécurité sociale au même titre que la kinésithérapie. En effet, les grandes fédérations sportives françaises ont récemment signé des engagements avec le ministère de la Santé pour déléguer des coachs formés aux pathologies chroniques. Ce dispositif pilote testé à Strasbourg devrait être accessible, très prochainement, à l'échelle nationale », affirme le Dr Bekka.
...et l'utilisation de capteurs glycémiques
Autre grande nouveauté : l'arrivée sur le marché de capteurs glycémiques − capables d'indiquer à un instant donné, en temps réel, la valeur glycémique, mais aussi, la pente (diminution ou augmentation) des chiffres glycémiques − ont profondément modifié la pratique sportive des patients diabétiques de type 1 sous pompe à insuline. « Ces capteurs ressemblent à des pastilles de la taille d'une pièce de deux euros. Placés sur la face postérieure du bras, ils transmettent toutes les données glycémiques en temps réel, à la pompe à insuline (via Bluetooth). Lors d'une activité physique ou sportive, le patient peut, ainsi, se resucrer immédiatement (ou non) en fonction de ses paramètres glycémiques. Ces capteurs − qui facilitent la pratique de sports intenses et extrêmes chez les diabétiques − sont également utilisés chez les non diabétiques pour éviter les coups de pompe lors des sports d'endurance, notamment », conclut le Dr Bekka.
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