La BioChaperone Lispro (BC Lispro), nouvel analogue ultrarapide de l’insuline, résulte de l’ajout à la molécule d’insuline Lispro d’une molécule d’oligosaccharide développé comme excipient. Cette modification serait à l’origine de l’accélération de l’absorption de l’Insuline observée dans les études de Pharmacoconétique/pharmacodynamique. Qu’en est-il en clinique ?
L’apport de bioChaperone Lispro
L’étude a été conduite en monocentrique, double aveugle, cross over, chez 38 sujets diabétiques de type 1 (DT1) [Agemoy 44 ans, BMI 25 kg/m2, HbA1c initiale 7,4 %, durée diabète 23 ans]. Tous ont eu l’injection d’une dose de 0,2 U/kg en sous-cutané de BC Lispro vs insuline Lispro formulation commerciale (Lispro), au début d’un repas standardisé liquide comportant 80 g de glucides. La glycémie a été maintenue à 100 mg/dl avant de démarrer l’étude et l’insuline basale, interrompue pendant les sessions d’évaluation prandiale.
Les résultats montrent un décalage vers la gauche du profil pharmacocinétique avec une absorption et une action plus rapides de l’insuline (« faster in and faster out »), un délai pour atteindre la concentration maximale plus court (47 minutes vs 62 min) et une concentration maximale plus importante. Si au final l’exposition totale à l’insuline était similaire, l’exposition précoce (1-2 heures) était plus importante et l’exposition tardive (2-8 heures), moindre. Un meilleur contrôle de la glycémie post prandiale (GPP) était ainsi observé pour la BC Lispro vs insuline Lispro, avec pour la valeur de GPP à 1 heure, une différence de -41 mg/dl et pour celle à 2 heures, de - 27 mg/dl. En parallèle, il était observé une réduction de l’excursion glycémique post-prandiale, mesurée par l’aire sous la courbe, d’environ 60 % au cours des 2 heures, et de 50 % au cours des 3 heures suivant le repas. Tout concorde donc pour dire que la BC Lispro, en agissant plus rapidement que l’insuline Lispro, permet un meilleur contrôle de la glycémie post-prandiale.
Les atouts de l’insuline prandiale Faster-aspart
L’insuline Faster Aspart (FAsp), autre analogue ultrarapide de l’insuline, est constituée d’une molécule d’insuline Apsart (Asp), à laquelle est associée une molécule de niacinamide (modificateur de l’absorption = vit B3) et une de L-Arginine (stabilisateur de la molécule). Les premières études comparant insuline FAsp et insuline Asp ont montré avec la FAsp, un début d’apparition de l’insuline dans la circulation 2 fois plus précoce, une exposition à l’insuline 2 fois plus importante, une action accrue dans les 30 premières minutes.
L’étude ONSET 1 est un essai multicentrique de phase 3, conduit en ouvert et visant à évaluer l’efficacité et la sécurité de l’insuline FAsp versus l’insuline Asp, dans une large population de patients atteints de DT1. Le critère d'évaluation principal était la variation d’HbA1c après 26 semaines de traitement par rapport au démarrage. Les résultats présentés sont là aussi plutôt prometteurs… Après une période de run-in de 8 semaines au cours de laquelle était réalisé le switch de la basale et à la titration de la levemir, les 1 143 patients DT1 inclus (HbA1cmoy 7,6 %, durée diabète › 20 ans) ont été randomisés en 3 bras. Ils recevaient en aveugle et au début du repas soit de l’insuline FAsp (groupe 1, n = 381), soit de l’insuline Asp (groupe 2, n = 380), ou bien en ouvert de l’insuline FAsp 20 minutes après le repas (groupe 3, n = 382). Juste avant la randomisation, les patients ont eu un repas test standardisé liquide (80 g de glucides) visant à évaluer les niveaux de glycémie postprandiale dans les 4 heures suivant le repas. Les patients pratiquaient l’insulinothérapie fonctionnelle ou utilisaient une autre méthode d’ajustement, visant un objectif glycémique entre 0,7 et 1,1 g/l, ces 2 méthodes étant réévaluées régulièrement. Le repas test a ensuite été répété à 26 semaines.
À 26 semaines, l’HbA1c avait baissé à la fois avec la FAsp et avec l’Asp, confirmant la non-infériorité de la FAsp par rapport à l’Asp, que la FAsp soit administrée juste au moment du repas ou après celui-ci. La différence estimée de traitement entre FAsp et Asp administrées au repas était modestement significative (∆ HbA1c = -0,15 % [-0,23 ; -0,07]). Cette supériorité de la FAsp sur l’Asp au repas a été confirmée par l’analyse de l’excursion glycémique qui était significativement réduite, à la fois dans les 2 heures suivant le repas (-12 mg/dl) et dans l’heure lui faisant suite (-21 mg/dl). En revanche, la différence d’HbA1c entre FAsp après le repas et Asp au repas n’était pas significative. La prise de poids était comparable (toujours < 1 kg) de même que le taux global hypoglycémies (sévères/confirmées). Ainsi, si injectée juste avant le repas, l’insuline FAsp a permis un meilleur contrôle de l’excursion glycémique du repas que l’Asp, l’effet était neutre lorsque la FAsp était injectée 20 minutes après le repas. L’absence de détérioration de l’équilibre glycémique malgré des injections faites après les repas pourrait constituer un élément de différenciation intéressant, en particulier chez les patients qui ont pris l’option, quelle qu’en soit la raison, de faire leur injection après le repas.
D’après les présentations des Dr Andersen et Russell-Jones
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024