Le calcul de la clairance de l’insuline est complexe : elle peut être estimée lors d’un clamp euglycémique-hyperinsulinémique, en calculant le ratio entre la concentration d’insuline plasmatique en fin de clamp et le débit de perfusion d’insuline. Une autre méthode utilisée est celle dite de la déconvolution du peptide C, qui est basée sur le fait que celui-ci n’est pas extrait et métabolisé par le foie, à la différence de l’insuline. Enfin, des travaux ont montré que la clairance de l’insuline pouvait aussi être calculée à partir d’un test de charge IV en glucose (IVGTT).
Il existe une forte héritabilité génétique régulant la clairance de l’insuline, ce qui explique une partie importante des différences entre individus. Cependant, certains facteurs peuvent aussi moduler la clairance. Il est ainsi observé physiologiquement une diminution de la clairance avec le vieillissement, et la présence d’altérations importantes en cas de cirrhose.
Il a été démontré que la réduction de la clairance de l’insuline contribue au développement de l’hyperinsulinémie observée chez le sujet insulinorésistant. Dans des modèles expérimentaux de régime riche en graisses induisant une insulinorésistance, il est noté une augmentation compensatrice de l’insulinosécrétion puis une diminution de la clairance à l’insuline qui permet ainsi de maintenir une hyperinsulinémie au cours du temps.
La clairance de l’insuline fait appel à une enzyme principale qui dégrade l’insuline (insulin degrading enzyme ou IDE) mais aussi à CEACAM1 (carcinoembryonic antigen-related cell adhesion molecule 1). Il s’agit d’une glycoprotéine de type 1 avec un seul domaine transmembranaire. Des travaux expérimentaux ont montré qu’un régime riche en graisses s’accompagne d’une diminution de l’expression de CEACAM1 et de IDE1, ce qui explique la réduction de la clairance de l’insuline, notamment au niveau hépatique. De même, chez la souris, l’invalidation du gène de CEACAM1 altère l’extraction hépatique de l’insuline et induit une hyperinsulinémie et une insulinorésistance sous un régime riche en graisses, ce qui suggère que la clairance de l’insuline peut moduler directement la sensibilité à l’insuline.
Une étude publiée cette année montre que la surexpression hépatique de CEACAM1 prévient le développement de l’hyperinsulinémie et diminue l’insulinorésistance, avec en parallèle une diminution de la surcharge hépatique en graisses. Ces résultats sont corroborés par des données chez l’humain, qui montrent une corrélation positive entre la clairance de l’insuline et la sensibilité à l’insuline lors du clamp. Les patients insulino-résistants ont une clairance de l’insuline qui est diminuée par rapport aux patients insulinosensibles.
En résumé, la clairance de l’insuline apparaît comme un déterminant de la sensibilité à l’insuline mais aussi comme un facteur physiologique contribuant à amplifier l’hyperinsulinémie dans les situations d’insulinorésistance. À noter enfin que l’on ignore si la clairance des analogues de l’insuline est modifiée par rapport à celle de l’insuline endogène.
D’après la communication de Marilyn Ader
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