LA MASSE MAIGRE - le poids des os, des muscles et des organes sans la graisse du corps - se réduit chez les patients souffrant de maladie d’Alzheimer (MA). Selon une étude publiée dans « Archives of Neurology », cette réduction est associée à un déclin du volume et de la fonction cérébrale.
Une perte de poids involontaire se produit souvent chez les personnes qui présentent une MA. Rétrospectivement, on a observé que cette perte de poids de la masse maigre du corps débute des années avant l’identification des symptômes de la MA.
Au cours de la maladie, la perte de poids est associée à la sévérité de la démence et à une progression clinique plus rapide.
Les études épidémiologiques ont indiqué une relation complexe entre la composition du corps et la démence au cours de la vie : l’obésité à l’âge moyen représente un facteur de risque de développer une démence, alors qu’à un âge avancé la relation s’inverse, le surpoids est associé à un risque plus faible de démence.
Jeffrey Burns et coll. publient une étude transversale cas-témoins, où ils ont utilisé l’absorptiométrie biphotonique à rayons X pour quantifier la composition du corps chez 70 sujets à un stade précoce de la MA et chez 60 témoins exempts de démence. Cet examen permet de déterminer la graisse totale du corps et les masses maigres.
Les individus ont été soumis par ailleurs aux tests neuropsychologiques spécifiques de l’évaluation de la démence avec l’application de la « Clinical Dementia Rating » (CDR), complétant les entretiens. Seuls les sujets ayant une démence de cotation très légère (CDR 0,5) et une démence de cotation légère (CDR de 1) ont été inclus. Des ajustements ont été réalisés pour l’âge et le sexe.
Les quantités de graisses ne sont pas modifiées.
Les résultats montrent que les masses maigres sont réduites chez les individus à un stade précoce de la MA comparativement à ceux n’ayant pas de démence. Par contre, les quantités totales de graisses corporelles et les pourcentages des graisses dans la composition du corps ne sont pas différents d’un groupe à l’autre et il n’apparaît pas de relation entre les masses grasses et les fonctions cognitives.
Le volume global du cerveau pour sa part se réduit en parallèle à la perte de la masse maigre du corps. Il en est de même pour le volume de la matière blanche. Et ces réductions cérébrales vont de pair avec la progression de la démence.
« Nous observons une corrélation directe entre le volume cérébral total (une estimation de l’atrophie cérébrale) et la masse maigre, suggérant que l’atrophie cérébrale et la perte musculaires surviennent simultanément. »
L’étude n’étant pas prospective mais transversale, elle ne permet pas de tirer des conclusions sur les relations de cause à effet.
Toutefois, ces résultats s’associent à d’autres travaux « pour suggérer que la pathologie cérébrale contribuerait aux altérations de la composition du corps ». Cette rupture métabolique se produit peut-être par des modifications des systèmes de régulation centraux du métabolisme énergétique et de la prise alimentaire.
La sarcopénie, ou perte de la masse musculaire typiquement associée au vieillissement, s’accentue avec l’inactivité physique, notent les auteurs.
Les individus du groupe souffrant de MA dans l’étude ont aussi une activité physique moindre que les témoins appariés pour l’âge. Les changements comportementaux associés à une démence sont de nature à contribuer à la perte de masse maigre et à la sarcopénie.
Ce qui n’exclut pas un mécanisme hypothétique sous-jacent à la fois à la MA et à la perte de masse maigre. Cela pourrait survenir via un processus inflammatoire, que l’on sait être présent au cours de la MA et accompagner la sarcopénie.
Quoi qu’il en soit, la mesure de la masse maigre semble plus sensible pour étudier les liens entre la composition corporelle et l’évolution cognitive que la masse grasse ou l’IMC.
Archives of Neurology, vol. 67, n° 4, avril 2010, p. 428-433, en ligne le 12 avril 2010.
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