L'ANRS (Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales) et le CNS (Conseil national du sida et des hépatites virales), avec le concours de l'AFEF (Association française pour l'étude du foie), ont rendu le 17 octobre à Marisol Touraine leurs recommandations quant à la mise en œuvre de l'accès universel aux traitements innovants de l'hépatite C, suite à l'engagement de la ministre annoncé le 25 mai.
« La décision de l'accès universel au traitement des personnes infectées marque l'histoire de l'endémie d'infection par le VHC en France », indique le Pr Dhumeaux qui, comme en 2014, a coordonné le rapport. Des changements, voire des « ruptures » par rapport aux pratiques en vigueur, sont proposés dans ce rapport dit « rapport Dhumeaux 2016 ».
Un dépistage VHC au moins une fois dans la vie
Pour les 75 000 personnes déjà identifiées infectées au VHC, l'organisation générale des soins donne une place « centrale » au médecin traitant et insiste sur la brièveté (moins de 15 jours) du délai d'initiation du traitement par le spécialiste. Seuls les patients « jugés complexes » seront réorientés vers les réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP). Le rapport demande l'élargissement des antiviraux à action directe aux officines de ville.
Pour les 75 000 sujets ignorant être infectés, le rapport recommande « de compléter dès 2017 l'activité de dépistage orientée vers les personnes ayant des marqueurs ou des facteurs de risque » mais aussi, et c'est très nouveau, vers « une offre de dépistage ponctuel, mais universel, de la population adulte, au moins une fois dans la vie ».
Des populations cibles vulnérables
Quatre chapitres sont spécialement consacrés aux populations vulnérables : usagers de drogues, sujets détenus, personnes co-infectées VIH-VHC et personnes migrantes et étrangères.
Pour les usagers de drogues, l'accent est mis sur un dépistage régulier, notamment via les TROD, et sur l'importance de lever les a priori (idées fausses sur l'efficacité du traitement, craintes d'un défaut d'observance, jugement de valeur). La coordination devrait au mieux se faire « dans un même lieu, accessible et familier » que ce soit en hépatologie, en addictologie, en psychiatrie ou dans les services de l'aide sociale.
Pour les personnes détenues, une recommandation forte concerne le dépistage systématique de l'infection VHC lors de la consultation médicale d'entrée. Pour faciliter la prise en charge en milieu carcéral, il est recommandé qu'il y ait dans chaque unité un médecin spécialiste du traitement à VHC.
La complexité des populations migrantes et étrangères
Les personnes migrantes et étrangères représentent un groupe hautement vulnérable, en raison de leur « très grande diversité démographique, socio-économique, culturelle et épidémiologique ». La généralisation du traitement du VHC « creuse un peu plus l'écart entre ce groupe et l'ensemble de la population résidant en France pour ce qui est de l'état de santé et du recours aux soins ».
De nombreuses recommandations sont émises, à commencer par un dépistage élargi (VHB, VHC, VIH, tuberculose, diabète, HTA, insuffisance rénale) et la proposition de la vaccination VHB. Les mesures d'aide médico-sociale occupent une large part, notamment via la promotion des PASS (permanence d'accès aux soins de santé).
Réduire le risque de réinfection
Pour les sujets co-infectés VIH-VHC, le rapport souligne l'importance d'une « offre systématique du traitement de l'infection par le VHC, en luttant contre les freins et les préjugés qui empêchent d'atteindre cet objectif ». Le recours aux RCP est mis en avant pour les situations à risque.
La recherche n'est pas en reste. Le rapport insiste sur la nécessité de mettre au point des interventions pour réduire le risque de réinfection chez les patients guéris. La mise au point d'un vaccin doit continuer à être soutenue et développée. La HAS (Haute Autorité de santé) doit rendre son avis prochainement.
C'est sur la base de ces deux avis, le rapport Dhumeaux et la HAS, que la ministre présentera « le nouveau cadre qui garantira l'accès aux médicaments antiviraux les plus efficaces contre cette maladie à tous les patients atteints de l'hépatite C », est-il indiqué dans un communiqué du ministère de la Santé.
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