Vaccination contre l’hépatite B

Un rattrapage même tardif protège

Publié le 24/01/2013
Article réservé aux abonnés
1360317753404070_IMG_97429_HR.jpg

1360317753404070_IMG_97429_HR.jpg
Crédit photo : S Toubon

L’INTÉRÊT de la vaccination contre l’hépatite B a été rappelé par les autorités de santé comme par les instances comme la Société française de pédiatrie ou l’Académie de médecine. Une bonne immunité permet non seulement de prévenir les hépatites aiguës, mais aussi le passage à la forme chronique et les complications, la cirrhose et le carcinome hépatocellulaire. Le vaccin contre le VHB (n° 3 du 22 janvier 2013)a été « le premier vaccin efficace contre un cancer viro-induit », rappellent Christophe Hommel et col. dans le « BEH ». Les auteurs soulignent également que s’il est considéré comme « égoïste » dans la mesure où il protège l’individu qui en bénéficie, il est aussi un vaccin « altruiste » dès lors que l’on soumet l’ensemble de la population à un programme de vaccination. L’objectif à terme est l’élimination du virus.

Prévenir les modes de transmission.

En France, en dépit d’une faible prévalence, on considère que 300 000 personnes sont porteuses chroniques du VHB, ce qui constitue un réservoir non négligeable pour la transmission de l’infection. De plus, seulement la moitié (45 % à 50 %) des personnes âgées de 18 à 80 ans porteuses de l’AgHBs connaît leur statut. Selon les estimations, dans un pays comme la France, « pour obtenir une réduction d’au moins 90 % sur un quart de siècle, il faudrait vacciner simultanément les groupes à risque (professionnels de santé, nouveau-nés de mère Ag HBs positive), les jeunes adolescents, les nourrissons afin de prévenir tous les modes de transmission », précisent les auteurs.

Dans les années 1990, la campagne de vaccination menée dans les collèges mais qui a débordé les groupes cibles, a permis de vacciner près de la moitié de la population (28 millions de sujets) sur une brève période de 4 à 5 ans. La suspension de la vaccination en milieu scolaire, et les polémiques qui ont suivi sur les éventuels risques liés à la vaccination (atteintes démyélinisantes centrales, myofasciite à macrophages et hydroxyde d’aluminium, thiomersal) ont entraîné un ralentissement de la vaccination et jeter un certain discrédit sur celle-ci, y compris chez les professionnels de santé. Un certain nombre de personnes chez qui une vaccination avait été initiée ne l’ont jamais complétée.

616 patients.

Après avoir longtemps stagné, la couverture vaccinale s’est améliorée à la faveur d’une modification de la perception de la maladie et du vaccin par les familles et les médecins. Toutefois les données recueillies fin 2011 l’estimaient à 37 % chez les adolescents.

Dans leur étude réalisée auprès d’enfants et d’adultes venus consulter au centre de vaccination de Strasbourg entre le 6 septembre 1999 et le 31 mars 2010, Christophe Hommel et col. montrent qu’un rattrapage même tardif peut être proposé à ceux qui n’ont reçu une vaccination complète. Le centre reçoit entre 7 000 et 8 000 patients chaque année. Durant la période de l’étude, 616 patients qui n’avaient pas reçu la 3e dose du vaccin contre l’hépatite B, ont été inclus. Ils se sont vus proposer une mise à jour de leur vaccination, quel que soit le délai écoulé depuis leurs deux premières injections. Un mois après l’injection de rattrapage, 317 d’entre eux ont eu une sérologie de contrôle. Malgré un délai de retard pour la 3e dose de plus de six ans en moyenne, plus de 90 % des patients mis à jour de leur vaccination ont eu un résultat positif en anticorps anti-HBs. Les femmes ont mieux répondu que les hommes. Pour les répondeurs, indépendamment du nombre d’années de retard, le taux d’anticorps était dans 73 % des cas supérieur à 500 UI/L. « Au vu de ces résultats, un délai de retard important entre les deux premières doses et la 3e dose de vaccin contre l’hépatite B ne doit pas être un frein à la mise à jour de cette vaccination », concluent les auteurs.

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9212